La pédagogie en architecture, conférence à l’UCL
Lors de la journée de recherche de l’Université Catholique de Louvain à Bruxelles, le 23 janvier 2015, Florent Soris présentait les « démarches pédagogiques et pédagogies appliquées » à l’enseignement de l’architecture.
Deux remarques :
1. Cette question de ce que l’école n’apprend pas du cadre professionnel occulte souvent celle de ce que l’on apprend à l’école et qui ne s’apprend pas dans ce même cadre professionnel. Et la matière à intégrer (apprendre à représenter correctement, comprendre la construction, apprendre à jongler avec des complexités de plus en plus nombreuses au fur-et-à-mesure de l’apprentissage, constituer une culture architecturale, urbaine, sociologique, historique…) est déjà très conséquente dans les 5 années de l’enseignement.
2. La précarisation de l’emploi est aussi une des raisons de cette écart entre les deux univers : le salariat – qui, avant permettait de faire un apprentissage progressif du métier en parallèle de l’enseignement reçu – a été remplacé par le stage (hors les stages obligatoires), non rémunéré – qui fait que seuls ceux qui ont les moyens (de travailler sans rémunération) peuvent découvrir en parallèle le métier.
Alors peut-être faut-il revoir la HMO, pour l’étaler sur deux ou trois ans, afin que ce soit une réelle expérience professionnelle qui soit valorisée par ce titre?
Votre constat est à mettre en parallèle avec l’évolution profonde de la profession : du rêve étudiant de créativité, à une réalité du monde du travail où les architectes sont des employés technico-administratifs spécialisés -comme les ingénieurs-architectes avant eux. La structure de l’emploi de ces métiers est, comme les autres secteurs économiques, la suivante : 10% des bureaux traitent 90% des commandes importantes, et 90% des indépendants se disputent les petites commandes privées -entre deux vacations dans lesdits grands bureaux…
Les études d’architecture ont tellement peu de lien avec le métier qu’on ne prévient pas les récipiendaires qu’ils passeront la plupart de leur temps sur un ordinateur dans un open space, à assembler les composants industriels, à passer beaucoup de réunions avec des tas d’intervenants, et quelques visites sur le terrain. En conclusion l’architecture c’est la meilleure des études, parce qu’elle embrasse tout l’espace humain et social, mais cela n’a absolument rien à voir avec la pratique, et des cours de survie en environnement professionnel s’imposent, par exemple « dans les bureaux, pourquoi être intelligent alors qu’il vaut mieux être malin ?.
Signé: un architecte récemment retraité