Maison Zilveli, appel pour un sauvetage
À proximité des Buttes-Chaumont, au 70 rue Georges Lardennois dans le Paris encore typique du XIXe arrondissement, se trouve un exemple extraordinaire de l’architecture moderniste des années 1930. Un exemple menacé de disparition s’il ne trouvait pas preneur avant la fin de ce mois de juin. Appel pour un sauvetage.
On pourrait croire à l’une des œuvres oubliées de Le Corbusier. Il s’agit de la maison construite en 1933 pour la famille Zilveli, toujours propriétaire, et dont la signature officielle est celle de l’architecte Raymond Fischer. Mais, en approfondissant les recherches, il s’avère que son dessin est celui d’un individu oublié de l’histoire, un viennois du nom de Johann Welz, devenu Jean Welz, et qui connut et collabora avec Adolf Loos, Hoffmann et Le Corbusier, dont il devint un ami et un collaborateur de l’atelier rue de Sèvres.
Cette maison – qui a sans doute autant d’importance pour le patrimoine architectural moderne mondial que la villa Savoye, sauvée in-extremis de la destruction en 1961 par André Malraux – connaîtra ce sort-là, au profit probablement d’un quelconque logement privé ou tout autre bâtiment à des fins spéculatives, si ne se manifestait pas, d’ici une vente aux enchères judiciaire prévue le 28 juin prochain à 14h, une volonté « éclairée » souhaitant remporter cette enchère.
Une demande d’attribution d’architecture contemporaine remarquable a été faite récemment par Frédéric Botte, ingénieur vibro-acoustique, sans résultat à ce jour. Certes, un classement issu des Bâtiments de France renforcerait les contraintes pour l’acheteur éventuel de respecter scrupuleusement le remarquable parti architectural de cette structure issu des théories spatiales et volumétriques d’Adolf Loos plutôt que de Le Corbusier. Enfin, l’auteur de la présente note a bénévolement initié une étude structurelle en l’état et un estimatif des travaux avec l’ingénieur en chef d’un important bureau d’ingénierie parisien. Inutile de se voiler la face, les travaux à réaliser son importants mais tout à fait réalisables.
Des étudiants, un publiciste de renom, un entrepreneur anglais, des personnalités locales et même un célèbre architecte américain, tout a été fait pour convaincre et permettre le sauvetage de cette maison avant d’arriver au stade ultime d’une procédure de vente aux enchères judicaires.
Juste retour des choses, un numéro de L’Architecture d’Aujourd’hui publia en 1933 les photos de la maison. Pour le patrimoine français et mondial de l’Architecture avec un grand A, cette enchère, et nous espérons avec insistance une volonté « éclairée », permettra de sauver l’œuvre de Jean Welz, dont le courage et l’obstination dans sa vie discrète d’architecte mérite une reconnaissance à travers l’une de ses œuvres les plus marquantes.
Une tribune de Michel Corbé, architecte DPLG, pour L’Architecture d’Aujourd’hui.