Ivan Argote, 2019
Ivan Argote, 2019

Architecture

Le paysage comme terrain de jeu

Depuis l’ouverture de leur galerie madrilène Galeria SOLO, rebaptisée depuis la fin juillet 2019 Albarran-Bourdais, le couple de collectionneurs de maisons contemporaines a offert à certains artistes et architectes le paysage de ces Solo Houses, un parc architectural à l’est de l’Espagne, comme terrain de jeu.

Les sculptures de Ivan Argote, Barozzi/Veiga, Peter Downsbrough, Olivier Mosset, Ugo Rondinone, Fernando Sanchez Castillo, Pezo Von Ellrichshausen et Hector Zamora ponctuent, ici ou là, un parcours vallonné. Entre formes très massives, en béton (Cimaises de Mosset – 2010, A Sentimental Monumentaly de Barozzi/Veiga – 2015), ou plus aériennes (Deci de Pezo Von Ellrichshausen – 2016, Truth Always Appears as Something Veiled de Hector Zamora – 2017, Kissing the void de Ugo Rondinone – 2012), voir en mode filaire (TODO S de Peter Downsbrough – 2019, Animitas de Christian Boltanski – 2014, Melting Bodies de Ivan Argote – 2019), une multitude de variations plastiques guide le promeneur visiteur. Dans un paysage composé de plantations d’oliviers, d’amandiers et de vignes, toutes ces œuvres questionnent les relations entre art et architecture.

L’œuvre la plus architecturale du Summer Group Show est le labyrinthe en briques de terre cuite ajourées d’Hector Zamora. Le promeneur peut pratiquer cette forme cylindrique et concentrique. Le jeu de claire-voie démultiplie les points de vue sur les espaces intérieurs du labyrinthe et ceux sur le paysage environnant. Parmi les autres œuvres praticables, les cinq murs en béton brut du suisse Olivier Mosset constituent la pièce la plus citationnelle, et en même temps la plus marquante dans son contexte. Chez tout.e amateur.e d’art conceptuel, d’art minimal ou de Land Art, Cimaise cousine avec une série Sans Titre (1980-84) de quinze blocs de format identique en béton de l’artiste américain Donal Judd. A l’image des œuvres installées sur les terrains de la Fondation Chinati, à Marfa (Texas-USA), coulées et assemblées sur place, les cinq voiles en béton brut de décoffrage structurent le paysage et leur fausse neutralité formelle de couleur grise contraste avec le tumulte organique des alentours.

A l’inverse, TODO S (2019) de Peter Downsbrough, est constituée de plusieurs piquets en acier peint. Certains mâts se terminent par le mot « TODO » ou un « S », pendant que d’autres, nus, sont plantés dans un périmètre plus ou moins circulaire, entre des oliviers. Un certain contraste s’installe entre le noir des antennes, le vert gris des oliviers, l’ocre de la terre, le ciel bleu et ses nuages, le tout d’une beauté plastique indéniable. Art, architecture, paysage font bon ménage au sud de Barcelone, aux abords de la réserve naturelle dans le pays de Matarrana, à 45 minutes de la ville de Tortosa. Il est à noter que ce genre de parcs de sculptures se développe de plus en plus chez les collectionneurs privés.

Christophe Le Gac

Christian Boltanski, 2019 (2014)
Christian Boltanski, 2019 (2014)

 

Hector Zamora, 2019 (2017)
Hector Zamora, 2019 (2017)

 

Hector Zamora, 2019 (2017)
Hector Zamora, 2019 (2017)

 

Olivier Mosset, 2019 (2010)
Olivier Mosset, 2019 (2010)

 

Pezo Von Ellrichshausen, 2019 (2016)
Pezo Von Ellrichshausen, 2019 (2016)

 

Peter Downsbrough, 2019
Peter Downsbrough, 2019

 

Ugo Rondinone, 2019 (2012)
Ugo Rondinone, 2019 (2012)


Exposition SOLO Summer Group Show, organisée par Albarran Bourdais jusqu’à la fin de l’été 2019.
Plus d’informations sur le site de Solo Houses.

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