En ce moment chez… Fala
Est-ce leur pratique d’une architecture « naïve », comme ils la décrivent, ou leur maîtrise du détail « PoMo » qui plaît tant aux commanditaires privés ? Fondée en 2013, l’agence portugaise Fala Atelier fait des ravages à Porto. À découvrir dans cet article issu de la rubrique Aujourd’hui du numéro 433 d’AA.
Tous deux diplômés de la faculté d’architecture de Porto, les architectes fondateurs Filipe Magalhães et Ana Luisa Soares, respectivement 32 et 31 ans, rejoints par Ahmed Belkhodja, 29 ans, diplômé de l’ETH Zurich, ont conçu en quelques années un vocabulaire reconnaissable, une architecture du détail particulièrement bienvenue pour rénover les maisons étroites de la ville de Porto.
Pour la seule année 2019, ils ont livré pas moins de cinq maisons pour des particuliers, en plus d’un appartement et de deux ensembles de maisons collectives, à Porto et dans sa banlieue. Pour la « maison accidentée » (« Uneven House »), les architectes ont transformé un commerce en rez-de-chaussée et son sous‑sol en un duplex de 180 m2. À l’arrière de l’immeuble, une extension a été démolie puis convertie en jardin, offrant aux espaces souterrains une ouverture inespérée. À l’intérieur, la « touche Fala » : murs concaves et convexes, ouverture en cercle, sols en marbre.
À Fontaínhas, dans le centre de Porto, la rénovation d’une maison de 250 m2 est l’occasion de montrer une nouvelle fois leur goût pour les volumes improbables : au rez-de-chaussée, les architectes n’ont dessiné qu’une seule pièce, dont la taille est définie par un mur incurvé. Ici encore, l’ornement est de mise : plancher en bois à rayures, plafonds bleu ciel, cuisine rose… jusqu’à l’extérieur, où une corniche en béton rayé soutient un cercle bleu, un pur détail ornemental.
En 2019, toujours pour une maîtrise d’œuvre privée, toujours à Porto, c’est un ensemble de six maisons collectives qui a été livré autour d’un jardin commun, sur une surface de 190 m2 seulement. Quatre maisons suivent un plan similaire, une pièce scindée en deux par un mur en arc de cercle. Le sol de chacune des six maisons est en marbre bleu poli et le plafond, peint en rose.
Un souci du détail que les trois architectes tentent de mettre à profit pour un programme de logement social, livré en 2018 à Penafiel, à l’est de Porto. Poutres en béton apparentes, portes colorées, paliers marbrés pour ces six logements qui occupent une ancienne usine de production de vêtements. La symétrie du bâtiment initial les oblige à un plan plus orthogonal, mais leur permet aussi d’offrir de grandes surfaces, « sans indices sur la façon d’occuper l’espace ». « C’est probablement le projet le moins extravagant que nous ayons dessiné. Son extravagance spatiale est néanmoins présente », défend Filipe Magalhães.
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Six maisons et un jardin, Porto, Portugal, 2019
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Uneven house, maison privée, Porto, Portugal, 2019
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Retrouvez cet article écrit par Anastasia de Villepin dans le numéro 433 – Logement social, une exception française ?-, disponible sur notre boutique en ligne.
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