Contrastes corses
Niché dans une poche verte au cœur d’opérations de grands ensembles construits dans les années 1960, le nouveau centre culturel Alb’Oru, presque invisible au premier abord, domine l’horizon et illustre le renouveau du quartier Aurore, à Bastia.
Réalisé dans le cadre d’un programme de rénovation urbaine des quartiers sud de Bastia, le centre culturel Alb’Oru est le fruit de multiples réflexions menées simultanément par l’agence parisienne Devaux & Devaux Architectes (DDA) en collaboration avec l’atelier bastiais atel’erarchitecture. Porosité, transparence, paysage et climat sont autant de composantes intégrées au projet, sans oublier les conditions inhérentes au terrain et les exigences programmatiques.
Le défi était de taille : réaliser un bâtiment accueillant à la fois une salle de spectacle et une médiathèque, le cahier des charges évoquant « un lieu innovant et créatif, un lieu de contrastes, d’ombres et de lumières, lumineux et feutré pour les espaces de lecture, sombre et sonore pour la salle de spectacle ». La réponse des architectes est radicale. À l’ombre des arbres, sur le parvis principal, le visiteur découvre un parallélépipède doré flottant sur un socle de béton aux teintes ocres. « D’apparence monolithique à l’extérieur, le bâtiment se révèle d’une grande transparence à l’intérieur », souligne David Devaux, cofondateur de l’agence parisienne. « Cette porosité créé une continuité urbaine qui dessert et nourrit le bâtiment », précise Pierre-Jean Monti, associé chez atel’erarchitecture.
Au cœur de l’édifice, la salle de spectacle peut, suivant les représentations et configurations scéniques, accueillir de 330 à 1.170 personnes – assises ou debout, gradins déployés ou rangés –, et sa situation centrale lui confère des conditions thermiques et acoustiques avantageuses. « Les manifestations n’ont pas besoin d’être amplifiées », assurent les architectes, qui ont soumis le bâtiment à l’essai : « Des artistes corses sont même venus tester l’acoustique de la salle pendant les travaux. » Autour de ce cœur névralgique sont implantés des programmes connexes comme les loges, foyer et studios. À l’inverse de l’architecture tellurique de la salle de spectacle, la médiathèque, située dans la partie supérieure du bâtiment, est en relation directe avec la ville. L’enveloppe constituée d’un alliage de cuivre et d’aluminium, finement perforée confèrent à l’espace un aspect aérien et l’ouvre vers l’extérieur. Ce plateau libre offre une grande flexibilité d’aménagements ainsi que des points de vue privilégiés sur le nord de Bastia et la Méditerranée. Les espaces de lecture se prolongent à l’extérieur grâce à une coursive accessible au public qui cerne la bibliothèque au Nord, à l’Est et à l’Ouest. Lorsque la saison le permet, les utilisateurs peuvent alors « lire dehors, dans les arbres, une vraie-plus value sur le programme initial », selon David Devaux.
Si cette association programmatique semblait, a priori, difficile à concilier, les architectes ont relevé le défi avec brio, tout en mutualisant certains services et espaces, tels que le foyer d’accueil, pour un projet plus unitaire. Rayonnant bien au delà de la simple échelle du quartier, ce centre culturel « simple, identifiable et sans idée de monumentalité superflue » accueille désormais l’ensemble de la population bastiaise. À Bastia, l’architecture compose avec le paysage pour révéler mille et un contrastes.
Cécile Brunengo
Informations pratiques :
Centre culturel Alb’Oru, Devaux & Devaux Architectes et atel’erarchitecture, 2.812 m2.
Livré en septembre 2015.
Image à la Une : © Joan Bracco.
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