Architecture

Entretien avec Matthieu Poitevin, architecte-jardinier

La Friche de la Belle de mai © Caroline Dutrey
La Friche de la Belle de mai
© Caroline Dutrey

En novembre 2017, le salon Batimat lance, en partenariat avec L’Architecture d’Aujourd’hui, la première édition de Regard sur l’Architecture, un ouvrage et un cycle de rencontres, pour réfléchir à la place de l’usager dans la fabrique de la ville. La Friche la Belle de Mai, lieu culturel emblématique de Marseille, fait partie des projets publiés. Entretien avec Matthieu Poitevin, architecte principal d’une réhabilitation exemplaire.

L’Architecture d’Aujourd’hui : La Friche la Belle de Mai fait partie des réalisations présentées dans « Regard ». Que pensez-vous de cette initiative éditoriale menée par Batimat ?

Matthieu Poitevin : Le marché de la construction vient s’intéresser à ce qui était jadis rasé sans la moindre discussion. C’est bien, c’est réconfortant. Cela prouve que la beauté est dans ces bâtiments qui ont supporté tous les sévices du temps et que maintenant, c’est flagrant.

AA : Sur ce projet, quel était le principal défi rencontré et comment l’avez-vous résolu ?

MP : Tout était un défi ! Construire sans programme. Construire avec ceux qui travaillaient déjà sur place.  Construire ici une adresse, une destination où personne n’allait. Construire un lieu public en 3 dimensions. Construire avec le moins possible pour offrir le plus possible.  Faire de rien un festin et croire en l’avenir, saperlipopette ! Embarquer tout le monde dans un voyage immobile.

Il y avait tant de défis ! Le plus beau c’est sans doute de n’avoir jamais cédé un pouce à ce que l’on souhaitait pour le bâtiment.

Matthieu Poitevin ©DR
Matthieu Poitevin ©DR

AA : Votre travail à la Friche la Belle de Mai illustre une problématique essentielle : l’adaptation de l’architecture à l’appropriation. Comment avez-vous intégré les questions d’usages dans votre projet ?

MP : Pas d’accord. L’appropriation induit la propriété. Je crois que ça n’est pas de cela dont il est question mais d’espaces partagés.  On partage les « grandes tables » du restaurant, les cours, les rues, la place ! Celui qui s’approprie son lieu commence par mettre des sacs poubelles aux fenêtres puis des rideaux puis des barreaux. C’est un lieu où l’altérité doit retrouver son droit de cité.

L’usage c’est juste la moindre des choses, pas une fin, bien au contraire. Il faut tout faire impeccablement, tout définir en fonction de la demande qui nous est faite mais ne rien finir pour que l’imaginaire puisse trouver racine et tout changer si nécessaire et en fonction des opportunités.

 

Pour en savoir plus sur le travail et la démarche de Matthieu Poitevin : caractere-special.fr

Pour en savoir plus sur la démarche Regard sur l’Architecture, rendez-vous sur le site de Batimat.

L’Architecture d’Aujourd’hui organise aussi des visites guidées thématiques à destination des architectes pendant le salon. Pour découvrir les parcours et vous inscrire, cliquez ici.

Regard ©DR
Regard
©DR

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