Archi en aparté : COBE Denmark
À la manière d’un court questionnaire de Proust, AA interroge les architectes sur leur métier, leurs projets, leur vision de l’avenir. Aujourd’hui, rencontre avec l’agence danoise COBE, fondée en 2005 par l’architecte Dan Stubbergaard. Employant plus de 100 architectes, ingénieurs, paysagistes et urbanistes, COBE a reçu de nombreux prix saluant leur démarche architecturale comme le Nykredit’s Architecture Prize en 2012 – le prix scandinave le plus prestigieux. La singularité de COBE : leur capacité à travailler à toutes les échelles, de l’architecture à l’aménagement urbain, du bâtiment à l’espace public.
Etre architecte, c’est…
L’architecture est une façon de voir la société et de nous projeter dans le futur dans lequel nous voulons vivre. Être architecte c’est, à bien des égards, vouloir aider les gens et aider au développement de notre société. Ce que je veux dire, c’est que l’architecture est une sorte de vision physique sur les différentes manières d’habiter notre planète, sur les diverses manières de vivre ensemble et les façons d’avoir des interactions sociales.
Ma commande idéale
Souvent, on me pose la question ”quel était ton projet favori ?” ou ”quel serait le projet de tes rêves ?” et j’ai une réponse très claire : je suis passionné par ce que je fais et par tout mes projets à COBE. Ils sont tous très importants et selon moi je n’ai pas à hiérarchiser mes projets favoris. Par exemple, il est aussi important pour moi de faire un petit jardin d’enfants à Copenhague, que de construire un nouveau bâtiment pour Adidas en Allemagne.
Mon travail dans 20 ans
Il est certain que c’est beaucoup de travail d’être architecte et que pratiquer l’architecture n’est pas facile, mais je n’ai aucun doute sur le fait que je serais encore un architecte dans 20 ans.
Le conseil que je donnerais à un jeune architecte
Je pense que le rôle-clé des architectes est de montrer les possibilités de l’architecture, des constructions et de l’espace que les gens n’ont pas encore prévu. En tant qu’architecte, tu dois être à la fois visionnaire et trouver des solutions pour résoudre les défis auxquels sont confronter nos sociétés d’aujourd’hui. Une des choses les plus importantes, lorsque tu commences dans ce travail, est de trouver ton âme d’architecte, pour ainsi dire.
Ce que je souhaite transmettre à mes collaborateurs
J’aimerais que COBE soit vu comme honnête, innovant et créatif, et que l’on rencontre nos clients physiquement. En ce sens, je veux être exemplaire auprès de mes collaborateurs.
L’architecte émergent qu’il faut suivre
En ce moment, je suis très inspiré par l’architecte japonais Hiroshi Sambuichi. Je sais que ce n’est pas un architecte émergent mais j’ai vu récemment une installation artistique qu’il a fait à Copenhague et j’ai été très touché par son travail. Sambuichi a une manière très subtile de montrer l’ADN d’un espace. Cette habilité à saisir l’esprit d’un lieu pour le magnifier m’inspire beaucoup. J’aimerais bien retourner au Japon et aller voir son travail.
Le projet que j’aurais aimé signer
Récemment, nous avons perdu un concours sur un projet de piscine sur la Paper Island à Copenhague, qui va bientôt être reconstruite. Nous avons gagné le masterplan de l’île et nous avons donc été chanceux de participer à un bâtiment public : une piscine sur le front du port. Nous avont été jusqu’en finale avec BIG mais malheureusement nous avons perdu le dernier tour contre Kengo Kuma. C’est un projet que j’aurais aimé signer et c’est très rageant que nous ayons perdu. Mais félicitation à Kengo Kuma.
L’autre métier que j’aurais pu faire
Je trouve ça dangeureux de regarder en arrière. Je pense que je deviendrais fou si j’avais à réévaluer les choses que j’aurais pu faire dans ma jeunesse, que ce soit mes études ou les décisions que j’ai prises. Je suis heureux d’être architecte.
Un lieu qui m’inspire
Il y a beaucoup d’endroits qui m’inspirent dans le monde. Localement, il y a un endroit où je vais parfois trouver de l’inspiration, que mon grand-père m’a montré quand j’avais cinq ou six ans : l’église Grundtvigs à Copenhague, construite sur plus de vingt ans, en briques, très épurée. Même maintenant, cent ans après sa construction c’est toujours un bâtiment futuriste. Je ressens toujours quelque chose de nouveau quand j’y retourne. Parfois, je vois de nouveaux éléments architecturaux, ou différentes manières dont la lumière crée des espaces, etc. Et bien sûr, l’église fait partie de mes souvenirs d’enfance, ce qui est très important pour moi.
Un livre, un objet, une œuvre d’art que j’apprécie particulièrement
L’Art Museum de Louisiane dans le nord de Copenhague me donne ce sentiment si spécial. J’aime particulièrement la série de peintures de Gerhard Richter « 1025 colours ». Je peux toujours trouver de nouvelles perspectives dans une peinture. Et je suis actuellement en train de lire une biographie d’Elon Musk. Je pense que c’est incroyablement inspirant aujourd’hui de lire comment il a accompli toutes ces visions en étant très ambitieux et presque borné. En même temps, il explique combien les erreurs sont importantes et à quel point il faut apprendre d’elles. Il les transforme en « énergie d’innovation » et c’est ce qui m’inspire beaucoup chez lui.
Une très belle référence pour Bogdan,. Dans les années 80 la revue « Architecture d’Aujourd’hui défendais des architectures moins talentueuse