L’Architecte retrouvé
En juin dernier, l’architecte Michel Corbé alertait de la mise aux enchères de la Maison Zilveli, à proximité des Buttes-Chaumont dans XIXe arrondissement de Paris. Suite et fin – heureuse ? – de la sauvegarde de ce témoin moderne des années 1930.
Mon appel à la sauvegarde de la Maison Zilveli a eu une conclusion. Les enchères ont eu lieu, la maison a changé de propriétaire. C’est une victoire pour certains, un drame pour d’autres.
Une victoire car la maison est sauvée et, nous l’espérons, ce que j’ai appelé une volonté « éclairée » accomplira le travail remarquable d’un sauvetage et d’une rénovation pour retrouver l’essence même de l’architecture de Jean Welz. Le nouveau propriétaire me l’a prestement confirmé. Ne doutons pas. Un lent travail de recherche devra être effectué. Comme le soulignait récemment François Chatillon dans Le Monde : « Ce n’est pas l’objet qui est important, c’est ce qu’il nous raconte ». « Restaurer c’est faire de l’architecture, c’est faire un projet, c’est aussi restaurer les formes de situations sociales, des situations politiques qui doivent être relues, revues, revisitées, remises en actualités ». Jean Welz et l’année 1933, date de la construction, en sont l’exemple même.
Un drame pour d’autres. À la sortie du Palais de justice, j’ai retrouvé l’ancienne propriétaire. Une larme avait coulé sur sa joue. La maison a une histoire dont celle de son enfance. Qui n’a pas de souvenirs d’une maison, de son jardin et de ses secrets ? C’est aussi cela l’architecture, la création de souvenirs d’enfance, pour toute une famille dans le maelstrom de l’existence. Il faut y penser.
En 1937, Jean Welz quittait l’Europe et délaissait l’architecture pour la peinture. Il résida en Afrique du Sud jusqu’à sa mort en 1975. Je l’espère, cette enchère permettra de forcer le destin en redonnant à cet homme le titre d’Architecte pour l’éternité.
Michel Corbé