Les Rencontres d’Arles : la sélection d’AA
Cette année, la 49e édition des Rencontres d’Arles convie les visiteurs à une « expérience spatio-temporelle, un voyage à travers les époques, sidéral et sidérant ». Tout un programme, international et multiculturel, destiné à rendre compte des bouleversements du monde et de la capacité de la photographie à saisir avec justesse ces événements. AA vous propose de découvrir sa sélection d’expositions à ne pas manquer.
Raymond Depardon, « Depardon USA, 1968 – 1999 »
Le photographe français Raymond Depardon entretient avec les États-Unis une relation de longue date. En 1968, il effectue son premier reportage outre-Atlantique à Chicago. Vingt ans plus tard, durant l’été 1981, il envoie de New York, pendant un mois, une photo et une légende par jour au journal Libération. L’année suivante, le photographe sillonne et capture l’ouest des États-Unis, du Nouveau-Mexique à la Californie en passant par le Colorado et le Nevada. Ce n’est qu’en 1999 que Depardon retrouve l’Amérique et les paysages grandioses de l’Arizona, du Montana et du Dakota. Pour la première fois, l’exposition Depardon USA, 1968-1999, présentée aux Rencontres d’Arles, rassemble ce corpus américain de 76 photographies, dont de nombreuses inédites.
« Depardon USA, 1968 – 1999 »
Commissaires : Philippe Séclier et Sam Stourdzé
Espace Van Gogh – Place Félix Rey, 13200 Arles
2 juillet – 23 septembre
10h – 19h30
Christoph Draeger & Heidrun Holzfeind, « LE PROJET AUROVILLE »
«Auroville veut être un pont entre le passé et l’avenir» écrivait Mirra Alfassa en 1968, fondatrice de cette ville expérimentale, «lieu d’une vie communautaire universelle», située à une dizaine de kilomètres au nord de Pondichéry en Inde.
Les artistes et photographes Christoph Draeger et Heidrun Holzfeind se sont rendus dans cette ville de 2 500 personnes, afin de voir si ce pont vers l’avenir avait pris corps ou non. Ces idéaux de propriété commune et de vie guidée par la recherche et l’apprentissage ont-ils survécu ? Les habitants d’Auroville sont-ils aussi enthousiastes qu’ils ne l’étaient dans les années 1960 ? À Arles, l’exposition propose une installation immersive rassemblant des vidéos, des photographies, des sculptures, des objets, que les deux artistes ont collectés au cours de leurs recherches dans les archives, leurs observations sur le terrain, et leurs entretiens avec les habitants actuels d’Auroville.
« Le Projet Auroville »
Ground Control – Gare d’Arles
2 juillet – 23 septembre
10h – 19h30
ADEL ABDESSEMED, « AU-DELÀ DU PRINCIPE DE PLAISIR »
Pour l’exposition Au-delà du principe de plaisir, titre qu’il emprunte à l’un des ouvrages majeurs de Sigmund Freud, publié en 1920, Adel Abdessemed présente une série de photographies, prises pour la plupart au même endroit, la rue parisienne qui borde son studio. Les sujets appartiennent au monde animal, figures clefs de l’œuvre de l’artiste algérien.
Pensée par Jean Nouvel, la scénographie présente les photographies parfois au sol, d’autres sur des rondins de bois, ou accrochées au mur de façon plus classique.
« Au-delà du principe de plaisir »
Commissaire de l’exposition : Jean Nouvel
Croisière – 65, boulevard Émile Combes, Arles
2 juillet – 23 septembre
10h – 19h30
MATTHIEU RICARD & SIMÓN VÉLEZ, « CONTEMPLATION »
Initiative hybride qui allie photographie, architecture et musique, l’exposition Contemplation présente une composition de 40 œuvres exclusives du photographe bouddhiste Matthieu Ricard, en noir et blanc et en grand format, présentée dans un pavillon en bambou, imaginé par l’architecte colombien Simón Vélez et son associée Stefana Simic.
« Contemplation »
Trinquetaille – Quai de Trinquetaille, Arles
2 juillet – 23 septembre
10h – 19h30
GREGOR SAILER, « LE VILLAGE POTEMKINE »
L’expression « village Potemkine » remonte au Prince Grigory Aleksandrovich Potemkine, ministre russe qui, pour masquer la pauvreté des villages lors de la visite de l’impératrice Catherine II en Crimée en 1787, aurait prétendument fait ériger des villages entiers faits de façades en carton-pâte. Gregor Sailer documente ici ce phénomène architectural en photographiant entre 2015 et 2017 les villages Potemkine modernes : des centres d’exercices militaires aux États-Unis et en Europe aux répliques de villes européennes en Chine, en passant par des pistes d’essais de véhicules en Suède ou encore des rues entières mises en scène pour la visite de personnalités politiques. Les images de Gregor Sailer capturent ce qui se cache derrière ces façades et révèlent leur absurdité.
« Le village Potemkine »
Commissaire de l’exposition : Joerg Bader
Cloître Saint-Trophime – 20 Rue du Cloître, Arles
2 juillet – 23 septembre
10h – 19h
ANTON ROLAND LAUB « MOBILE CHURCHES » :
Mobile Churches est l’exploration visuelle d’un chapitre méconnu de l’histoire roumaine récente. Dans le Bucarest des années 1980, Ceausescu applique son programme de « systématisation » à la capitale roumaine : un tiers du centre historique est rasé pour faire place à des édifices imposants, de larges avenues sont tracées à la gloire du régime. Malgré un acharnement particulier contre les églises, 7 d’entre elles sont épargnées et subissent un traitement aussi extraordinaire qu’absurde : soulevées, placées sur rails, elles sont déplacées puis masquées par des blocs d’habitation.
Associant prises de vue récentes et matériau d’archives, cet inventaire critique révèle une histoire urbaine et politique fascinante et s’attache à rendre leurs images aux églises déplacées de Bucarest, contre la logique de l’effacement et de l’amnésie qui gouverne le pays.
« Mobile churches »
Commissaire de l’exposition : Sonia Voss
Ground Control – Gare d’Arles
2 juillet – 23 septembre
10h – 19h30