Architecture

Portrait : V+ ou l’architecture comme art de la tendresse

Cela fait vingt ans que Jörn Aram Bihain et Thierry Decuypere ont fondé V+ – contraction de « Vers plus de bien-être » – à Bruxelles. Vingt ans qu’ils remettent en question les cahiers des charges pour proposer des projets qui ne s’apparentent pas à une école flamande, ni tout à fait à une production wallonne plutôt éclatée. Et pourtant, précision et poésie placent V+ parmi les meilleurs représentants de la scène contemporaine belge. Portrait.

La maison du Lac. Transformation d’une villa existante et construction de quatre extensions (cuisine, balcons, chambres et un studio de musique), Châtillon, Lac du Bourget, Savoie, France, 2010. © 354 Photographers
La maison du Lac. Transformation d’une villa existante et construction de quatre extensions (cuisine, balcons, chambres et un studio de musique), Châtillon, Lac du Bourget, Savoie, France, 2010. © Maxime Delvaux, V+

Un projet c’est un pas en avant, deux pas en arrière. » Les fondateurs de V+, tous deux nés en 1973, ne sont pas les seuls à assimiler le talent de l’architecte à un art de la négociation. En avril dernier, la rédaction de la revue belge A+ choisissait de consacrer un numéro entier au sujet, intitulé « Résistance & Négociation », qui montrait que l’homme de l’art procède, en Belgique, à une remise en question systématique de la commande, publique et a fortiori privée. « Nous avons appris à discuter avec nos maîtres d’ouvrage, ce qui nous rend moins dépendants de certains dogmes architecturaux », soulignent Jörn Aram Bihain et Thierry Decuypere. Hors de question de « prendre un rêve en otage dans une marotte architecturale ». Si la situation l’exige, V+ n’hésite pas à cantonner son intervention à une restauration minutieuse pour révéler le potentiel de l’existant, comme ce fut le cas avec la cité jardin d’Haren, au nord-est de Bruxelles, où l’enjeu consistait à simplement retrouver un éclat perdu à cause de l’abandon des lieux et des ravalements successifs. « Ici, le projet consistait à ne rien faire. »

Difficile de classer l’œuvre de V+ tant chaque projet est unique ; l’excellente exposition V+ 2014-2015 qui leur fut dédiée en 2015 à Bozar, Bruxelles, l’illustrait bien. Pas de prédisposition pour le plan hypertramé qui fait la joie d’autres confrères et consœurs, pas de matériau de prédilection au détriment d’un autre… Du cinéma Nova en 2003 à Bruxelles à celui de Marcq-en-Barœul (Nord) en France, en cours de conception, les réalisations de V+ se succèdent et ne se ressemblent pas. Certes, les collaborations avec d’autres bureaux, comme MDW pour la construction du siège de la RTBF (livraison prévue en 2021) et MS-A et TRANS pour la réalisation de 130 logements à Molenbeek (en cours de conception) – « qui permettent d’élargir le spectre des projets en augmentant la force de frappe, mais aussi de contrer l’ennui » – expliquent en partie cela.

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