Livres : la sélection d’AA
À quelques jours de Noël, trouvez des inspirations de cadeaux dans la sélection de livres d’AA !
La matérialité de l’architecture.
Antoine Picon, Éditions Parenthèses, 2018, 16,5 x 24 cm, 144 p., illus., 22€
L’architecture est-elle bavarde ? À peine murmure-t-elle à l’oreille du commun des mortels. Criante pour les spécialistes, elle demeure à la limite de l’audible pour les autres. Antoine Picon livre une brève histoire de l’architecture, dont les pages sont érudites. Il assure s’éloigner de l’ambition postmoderne, qui envisage l’architecture comme un art doté d’une syntaxe, pour mieux aborder le désir d’expression d’architectes qui se frottent à « l’obstination muette de la matière ». Voilà donc un essai fondamental pour qui évoque aujourd’hui la « matérialité » de l’architecture et part en quête d’un « ornement » qu’il ne peut affirmer sans faire outrage à la pensée moderne… et contemporaine.
Historical versus Modern: Identity through Imitation?
Barbara Engel (dir.), Jovis, 2018, 17 x 24 cm, 224 p., illus., 29,95€
Restitution, reconstruction, pastiche… autant de mots à même d’effrayer la critique. L’ouvrage dirigé par Barbara Engel présente pourtant différents cas où « l’identité » d’une ville ou d’une région est manipulée à des fins urbaines et architecturales. De la récente reconstruction du centre historique de Francfort à « l’antiquisation » de Skopje en passant par les faux souks de Dubaï et les nouvelles vieilles villes de Chine, l’ouvrage pose un regard encyclopédique, scientifique…
Concevoir à grande échelle
Mathieu Mercuriali, Éditions B42, 2018, 19 x 26,9 cm, 192 p., illus., 24€
Le fantasme de la grandeur ! Mégastructures utopiques et dystopiques d’abord. Bigness, business et hyperprojets ensuite. Mathieu Mercuriali, architecte et urbaniste, analyse dans les pages de ce livre plusieurs projets parisiens, de la Samaritaine à l’opération Maine‑Montparnasse en passant par l’entrepôt Macdonald, pour mieux préciser ses ambitions « à grande échelle », dont la transformation de la gare de Lyon en « mégaprojet. »
Le Parc planétaire, la fabrication de l’environnement suburbain
Émeric Lambert, l’oeil d’or, 2018, 13 x 21 cm, 272 p., 18€
La banlieue fait l’objet de toutes les critiques. L’historiographie se détourne encore massivement de l’avènement des villes nouvelles. Dans ce marais d’appréciations, Émeric Lambert apporte un éclairage nécessaire sur « la fabrication de l’environnement suburbain ». Avec l’exemple de Sénart, à quelques kilomètres au sud-est de Paris, il démontre comment l’utopie engendre la paperasse, et la planification, l’opportunisme opérationnel.
Belgium New Architecture 6
Ouvrage collectif, Prisme Éditions, 2016, 24 x 30 cm, 288 p., illus., 49,50€
Un livre, cinq ans d’architecture belge. De l’excellence sur 288 pages… et de l’optimisme ! Sauf dans les propos liminaires de Pierre Loze, historien de l’art pour qui « le rétrécissement des ressources publiques, le raidissement identitaire et le repli culturel qui se dessinent chez ceux qui nous gouvernent, accentuent sans doute le décalage entre ce qui se construit et se pense aujourd’hui et ce que nous réserve l’avenir ». Belgium into darkness…
Guide d’architecture moderne et contemporaine. 1881-2017. Charleroi Métropole
Ouvrage collectif, Mardaga, avec la Cellule Architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 2017, 24 x 17 cm, 368 p., illus., 35€
Suivez le guide ! La Cellule Architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles et l’éditeur Mardaga poursuivent avec ces deux titres un effort considérable initié avec d’autres villes, notamment Liège et Mons, pour inventorier et classer l’architecture moderne et contemporaine remarquables. Bâtiments célèbres et monuments emblématiques côtoient, dans des pages abondamment illustrées de photographies et de plans, une architecture domestique parfois méconnue.
Préhistomuseum
Ouvrage collectif, Cellule Architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 2017, 17,2 x 21,5 cm, 112 p., illus., 19€
La Cellule Architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles édite des monographies d’équipements publics. Intitulée Visions, Architectures publiques, cette collection propose différents regards sur un même bâtiment : un photographe, un auteur, un critique mais aussi des usagers sont invités à s’exprimer. Le dernier volume en date est consacré au Préhistomuseum, à Flémalle, conçu par l’Atelier d’architecture aiud (Gil Honoré), Mathilde Sauvillers, paysagiste, et Pascal Payeur, scénographe. L’occasion de découvrir un travail délicat avec archéorestaurant et plaine de jeux mammouth.
Blaton, une dynastie de constructeurs
Ouvrage collectif, éditions AAM, 2018, 30,5 x 23 cm, 288 p., illus., 35€
L’architecture vue sous le prisme de l’entreprise de construction. Blaton a livré, il y a cinq ans, aux Archives d’architecture moderne (AAM), trois camions de cartons comprenant des plans de Victor Horta, Henry Van de Velde, Victor Bourgeois, Michel Polak, Paul‑Amaury Michel ou Gustave Magnel… En 2018, un ouvrage paru chez AAM imaginé à partir de ce fonds providentiel célèbre le 150e anniversaire du groupe pionnier dans la précontrainte.
A History of Thresholds. Life, Death & Rebirth
Sensual City Studio, Jovis, 2018, 15 x 21 cm, 184 p., illus., 32€
Les éléments d’architecture – la porte, la fenêtre, le toit – font l’objet de recherches passionnées. La 14e Biennale d’architecture de Venise, sous l’égide de Rem Koolhaas, l’avait bien démontré. Sensual City Studio (Pauline Marchetti, Jacques Ferrier, Philippe Simay, Estefania Mompean) propose, aux éditions Jovis, un « visual narrative », en anglais dans le texte, sur l’histoire des seuils. « Franchir un seuil est souvent l’objet d’une certaine théâtralisation et d’une dramaturgie architecturale », notent les auteurs. À partir d’une collection d’images et de citations (Hannah Arendt, Peter Sloterdijk, Walter Benjamin, Gaston Bachelard… encore et toujours), le studio propose d’introduire les idées de parcours et, plus avant, d’expériences, celles qui aujourd’hui font cruellement défaut en architecture.
Lieux infinis. Construire des bâtiments ou des lieux ?
Ouvrage collectif, éditions B42, 2018, 16 x 23 cm, 356 p., illus., 28€
L’architecte perdrait-il autant de pouvoir qu’il le dit ? Ce lamento contemporain tend à être contesté depuis le pavillon français de la 16e Biennale d’architecture de Venise où une génération, dans les pas de Patrick Bouchain, défend la création de « lieux infinis ». Le catalogue publié à cette occasion porte le message des commissaires – Encore Heureux – mais aussi d’anthropologues, de sociologues, de journalistes qui sont autant de points de vue pour alimenter la réflexion sur « le rôle social de l’architecture et de l’architecte ».
Construire avec l’immatériel
Sous la direction de Jana Revedin, éditions Alternatives, 2018, 14 x 19 cm, 176 p., 17€
Jana Revedin poursuit ses efforts pour promouvoir une architecture différente et exemplaire à travers les prix du Global Award for Sustainable Architecture. Aux éditions Alternatives, elle livre un nouvel opus où elle cède la parole aux différents récipiendaires qui aujourd’hui forment une « communauté ». L’enjeu de cette publication est de démontrer que l’architecture est aussi une discipline qui vise la manipulation de ressources immatérielles que sont le temps, le climat, les connaissances, les traditions ou encore le droit.
L’Hypothèse collaborative
Ouvrage collectif, éditions Hyperville, 2018, 20 x 12,5 cm, 288 p., illus., 25€
Les collectifs sont-ils la nouvelle tarte à la crème de l’architecture et de l’aménagement du territoire ? Pas un projet urbain aujourd’hui sans qu’un « collectif » n’assure l’animation d’un espace « participatif ». L’Hypothèse collaborative, le nouveau titre lancé par la maison d’édition Hyperville, propose plusieurs conversations sur le sujet. Le propos est passionnant, didactique, prospectif, critique et, parfois, un tantinet circonspect. L’urbanisme transitoire est aujourd’hui manipulé politiquement pour créer une « valorisation symbolique », mais aussi une « valorisation financière » plus rapide. « Il peut être le vecteur d’une ville plus inclusive, plus ouverte et plus juste ou bien l’instrument de la gentrification urbaine, d’un turn-over et du “jetable”, du marketing territorial, producteur d’une image lisse et moderne qui garantit le succès de la commercialisation des produits immobiliers », s’inquiète Cécile Diguet, urbaniste, dans les pages de ce passionnant ouvrage.