TEd’A sub rosa
Goût du palimpseste, volonté de rendre visible le travail de la main, ou encore le substrat sous‑jacent. Mais aussi réinterprétation d’un vocabulaire vernaculaire, désir d’exploiter toute la richesse des matériaux disponibles… les raisons qui expliquent la place prépondérante de l’ornement dans le travail de l’agence TEd’A, basée à Majorque, sont multiples et fondamentales.
« Je ne suis pas mortifié ! C’est ce que je préfère ». C’est à partir de ces propos d’Adolf Loos, relatifs à un dénuement soit-disant choisi, que le critique majorquin Josep Quetglas a démonté, en 1979, dans un article intitulé Le placenta (Lo placentero), la caricature faite de l’architecte autrichien. Comment traiter d’ascète quelqu’un capable de se délecter des veines d’un marbre d’Eubée ?
Quelqu’un qui, bien au contraire, défendait son architecture comme étant plaisante, en ce sens – sans doute pervers – de dérivée du placenta : les aménagements intérieurs de Loos étaient, pour ainsi dire, comme des housses destinées au corps, des robes de chambre bourgeoises. Il convient de souligner cet hédonisme paradoxal afin de mieux lire l’ornement dans l’oeuvre récente d’architectes voisins de Quetglas : l’agence TEd’A arquitectes, dirigée par Irene Pérez et Jaume Mayol, tous deux nés en 1976. Si leurs derniers bâtiments exhibent motifs, grecques et coutures, leur production évoque néanmoins, plutôt que la somptuosité d’une veste de soie, le respect des mains qui l’ont tissée, son substrat social.
« Et que ferez-vous de toutes ces pierres ? » : voilà la question qui, dans les années 2010, a tout changé. Une décennie ne s’était pas encore écoulée depuis que Pérez et Mayol avaient obtenu leur diplôme à l’École d’Architecture d’El Vallés, à Barcelone. Installés à Majorque, ils ne comptaient à leur actif qu’une poignée de maisons et un petit musée à Montuïri, le village d’origine de Mayol, dans le centre de l’île. C’est là-bas, en visitant à l’époque un terrain pour une nouvelle maison commandée par un proche, qu’ils remarquèrent une minuscule construction en marés, la pierre locale.
« Ce fut un coup de poing. Comment pouvions-nous passer à côté ? Avant le XXe siècle, n’importe qui aurait pensé à les utiliser. »
Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro 429 d’AA, « Ornements, icônes et symboles », disponible sur notre boutique en ligne.
Cet article est extrait du n°429 d’AA – Ornements, icônes et symboles – paru en mars 2019, toujours disponible sur notre boutique en ligne.
En juin 2017, AA a consacré son numéro à l’Espagne : (re)découvrez ce numéro, toujours disponible sur notre boutique en ligne.