Architecture

AA Rétro : la question du logement en 1987

« Voici qu'apparaît une nouvelle génération de logements, plus ou moins démarqués de l'idée de loft, avec des espaces plus vastes et moins équipés, loin, en tout cas, des usages et des normes. » Ainsi la rédaction d'AA introduisait son dossier consacré au logement en septembre 1987, dans son numéro 252, qui présentait, entre autres, le travail de Jean Nouvel et Jean-Marc Ibos à Nîmes, celui d'Henri Ciriani à Marne-la-Vallée, de Renée Gailhoustet à Ivry-sur-Seine mais aussi ceux de Rem Koolhaas et Zaha Hadid à Berlin. 

RS AA RÉTRO

L’occasion pour la rédaction de faire débattre quatre de ces « praticiens du logements », Jean Nouvel, Renée Gailhoustet, Paul Chemetov et Yves Lion, autour de la question, « Loger ? Ou réinventer le monde ? »

« Voilà : le type entre, il pose son chapeau ici,… » Et s’il faisait autrement ? Entre espaces architecturés et libertés d’usage, quatre praticiens du logement s’interrogent.

Jean Nouvel : Quant à la nature profonde de ce que doit être un logement aujourd’hui, la seule donnée à peu près claire est la demande d’espace. Il est apparu que lorsqu’on aimait la vie, l’espace et que l’on n’avait pas trop d’argent, il fallait s’expatrier, aller loin, pour trouver un petit pavillon ou un logement dont on pourrait payer le loyer. On peut avoir envier d’habiter la ville et de vivre dans un appartement aussi grand qu’une maison Phénix dans des conditions économiques comparables à celles du logement périurbain.

Yves Lion : Gagner de la surface est évidemment un combat indispensable. Une des solutions peut être la réduction des parties communes. L‘existence de relations sociales ne passe pas obligatoirement par des espaces spécifiques. C’est un point essentiel qui nous fera sans doute diverger, mais j’y crois beaucoup pour l’avoir personnellement expérimenté. On peut gagner 15 à 20 % de surface en ramenant les parties communes à leur plus simple expression : un ascenseur, un escalier ; si l’on pouvait se passer de l’escalier, ce serait encore plus formidable ! 

Paul Chemetov : L’architecture dite moderne s’est constituée en s’appropriant un nouveau projet et un nouveau terrain d’exercice, le logement, qu’elle a défini en totalité. Depuis le coup d’arrêt donné aux grands ensembles, il y a une quinzaine d’années, le problème de l’écriture architecturale et devenu prépondérant. Les architectes s’y sont engouffrés, le manipulant dans tous les sens. Ils se sont en même temps affaiblis. Les agitations sur la forme me font réagir quelquefois de façon un peu vive car toute la production du logement doit être analysée au regard des contraintes de normes, épouvantables.

Renée Gailhoustet : De la même façon, deux logements dont un est vécu comme mauvais et l’autre très agréable, peuvent avoir exactement le même loyer. Un bâtiment que je connais bien, réhabilité, horrible, sans modification intéressantes, tout simplement « retapé », arrive après réhabilitation au même loyer qu’un bon Hlm. Sans être contre la réhabilitation, même sous cette forme (je serais plutôt pour une réhabilitation beaucoup plus lourde), j’estime qu’on arrive à un résultat proprement scandaleux.

[…]

Retrouvez leur discussion en intégralité en cliquant sur l’image ci-dessous.

Capture d’écran 2019-11-28 à 10.42.47
© L’Architecture d’Aujourd’hui n°252, septembre 1987

Un débat qui n’est pas sans rappeler les thématiques abordées dans le dernier numéro d’AA dédié au logement social. Le n°433 – Logement social, une exception française ? – est toujours disponible sur notre boutique en ligne.


React to this article