De la matière au matériau. De l’un à l’autre, il faut, parmi les multiples étapes de transformation, notamment extraire ou récolter, puis transformer et assembler et c’est à l’architecte et ses équipes qu’incombe cette tâche. Par les temps qui courent et l’outrage qui est fait à la nature, la matière se pare plus que jamais d’une aura noble quand le matériau est perçu comme sa version pervertie, parce que transformée.

L’enjeu aujourd’hui est à la préservation de cette matière brute, pour des raisons écologiques mais aussi parce qu’elle est, dans l’imaginaire, plus belle dans sa rugosité qu’une fois retravaillée et devenue matériau.

Les démarches et réalisations que nous présentons dans les pages de ce numéro illustrent l’un ou l’autre de ces deux états, la matière pouvant être employée dans sa version en apparence la plus « pure » (le toit de chaume de Dorte Mandrup, la terre crue de Clément Vergély), mais aussi la plus traditionnelle, c’est-à-dire manipulée, comme le fait l’architecte néerlandais Anne Holtrop, qui travaille le béton à la manière d’un sculpteur, sans oublier ces matériaux détournés, comme le liège, utilisé pour bâtir une maison par Matthew Barnett Howland, Dido Milne et Oliver Wilton).

Nous faisons également le point, dans le cadre d’une enquête, sur ces éléments de construction qui, de matière à matériau puis devenant, en fin de cycle, déchets, sont alors réintroduits dans le cycle de construction, alors qu’on les pensait destinés à l’enfouissement.

Enfin, il y a ces matières que l’homme, conjuguant technologies de pointe et biomimétisme, crée de toutes pièces dans l’espoir de concevoir un matériau qui, plutôt que nuire à l’environnement, s’y intégrera autant qu’il s’en inspirera. Le laboratoire Mediated Matter Group de Neri Oxman au MIT s’attache à cela et il n’est pas le seul. Sable, bois, algues ou encore champignons : partout, la matière augure les matériaux du futur.

 

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