Confinée.e.s : Think Tank
Face au confinement imposé à tous pour contrer la propagation du virus Covid-19, nombre d’architectes ont dû adapter leur pratique et leur méthode de travail à ce nouveau rythme de vie. La série « Confiné.e.s » leur donne la parole, en interrogeant leur vision de la situation — mais aussi leurs recommandations culturelles.
Aujourd’hui, les réponses de Marine de La Guerrande et Adrien Pineau, les deux associés de l’agence Think Tank, qui conduit actuellement les études d’un programme innovant d’hôtellerie et de co-living sur le plateau du Moulon à Paris-Saclay.
L’Architecture d’Aujourd’hui : Où êtes-vous confinés et comment vous êtes-vous organisés pour poursuivre votre activité ?
Think Tank : Pour nous, le confinement se passe à Paris, là où nous vivons, au cœur du 10e arrondissement. Pour la poursuite de l’activité, ce n’est pas si simple : nous avons seulement 1/3 de notre effectif qui peut télétravailler. Quant à nous, associés, nous jonglons entre l’agence et la maison où il faut assurer le suivi scolaire des 3 enfants (1 collégien et 2 en élémentaire). Heureusement, notre agence et notre appartement sont voisins, ce qui nous permet de continuer à « tenir la maison » dans tous les sens du terme.
Confinement et architecture sont-ils antinomiques ?
Au contraire ! Plus un espace est petit, mieux il doit être pensé, que ce soit en termes d’organisation spatiale que d’ouvertures vers l’extérieur. La déconnexion sociale que nous vivons nous renvoie à notre « chez nous » et le vécu d’un espace au quotidien est très différent. Cette période de confinement sera peut-être un moment de prise de conscience pour certains de l’utilité de notre métier 🙂
De façon étrange, le temps et l’espace se dilatent – en partie grâce aux outils numériques qui nous permettent de rester en lien. Pour nous, confinement n’est pas synonyme d’enfermement. Nous vivons même une sorte de ré-ouverture : sur le monde, sur la façon dont nous vivons, vers nos proches et moins proches. Sans oublier l’ouverture culturelle…
Bien entendu, nous ne pouvons plus exercer notre métier d’architecte pendant cette période de confinement comme nous l’exerçons habituellement et cela nous manque. Par contre, nous nous rendons bien compte que – même si rien ne remplace le contact humain – un certain nombre de réunions que nous faisions au quotidien peuvent être organisées autrement et de façon plus efficace.
Quelles leçons pensez-vous tirer de l’impact écologique de cette crise ?
C’est promis nous ne mangerons plus de pangolin ni de chauve-souris !
Plus sérieusement, cela montre que finalement, la transition écologique peut être mise en œuvre plus vite et plus facilement que prévue ! Les premiers jours du confinement, nous avons redécouvert Paris sans bruit automobile, sans pollution aux gaz d’échappement. Comme il faisait beau et doux, nous vivions fenêtres ouvertes, au son des chants d’oiseaux.
Un film à voir, un livre à lire pendant le confinement ?
Alien, À la poursuite d’Octobre Rouge, Panic room, Birdie…
Quand vous aurez fini tous ces films, vous pourrez attaquer La Phénoménologie de l’Esprit de Hegel : la lecture devrait vous tenir toute la durée du confinement. De plus, si vous essayez d’en parler à quelqu’un, il n’aura qu’une envie, fuir!
Un compte à suivre sur les réseaux sociaux ?
@jomlm pour les recettes de pâtes, @jeffreycagnes pour la pâtisserie et les goûters, @minasndrm et @elviramasson pour repérer toutes les adresses de restaurants qu’il faudra tester / soutenir lors de la réouverture!
Qu’espérez-vous de cette expérience ?
Éviter la faillite, le divorce, l’infanticide, l’alcoolisme, la prise de poids…
Quel impact a ce confinement sur la perception de votre espace de travail et, inversement, de votre espace domestique ?
Nous prenons conscience de ce qui nous manque. Et cela vaut aussi pour les gens… Ceux qui nous manquent !
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Le site de Think Tank Architecture.
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