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© Fabrice Fouillet

Architecture

Pisé porteur, par Clément Vergély

Depuis quelque temps, l’architecture en pisé suscite un regain d’intérêt dans l’Hexagone. C’est à Lyon que verra le jour, cette année, une des constructions les plus emblématiques de l’histoire récente de la terre crue : un immeuble de bureaux sans ciment ni chaux signé Clément Vergély. Cette prouesse pourrait bien marquer un tournant dans le retour à la terre, malgré un contexte encore peu favorable.

Un article d’Adrien Poullain, pour le numéro 435 d’AA — Matières et matériaux — toujours disponible sur notre boutique en ligne.

Au sein de la ZAC Lyon Confluence, au coeur de la ville, L’Orangerie se dresse fièrement sur ses 14 arches en terre, au beau milieu d’une vaste forêt d’immeubles en béton. Ces quelques 1 000 m² de bureaux font partie de l’îlot B2 remporté en 2015 par l’agence de Clément Vergély, associée aux architectes suisses Diener & Diener à l’occasion d’un concours international. Le plan directeur imposait qu’au sein de chaque îlot du quartier soit édifié un petit bâtiment bas carbone. Après plusieurs prototypages, les architectes ont fait le choix de matériaux locaux issus de la tradition constructive lyonnaise. « Je pense qu’on ne peut pas faire moins carbone que ça, il n’y a pratiquement que des produits locaux », se félicite Clément Vergély. Les soubassements et couvertines sont constitués de blocs en pierre d’Hauteville extraits d’une carrière à 50 km du site. Les planchers et les escaliers sont en bois de sapin issu d’une forêt des Vosges à 300 km de Lyon. Quant aux murs de façade, ils ont été réalisés en pisé dont la terre provient des excavations d’un autre chantier à 30 km de là (la terre du site était ici trop polluée pour être utilisée). Seules les fondations et la dalle basse ont finalement été construites en béton armé.

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« Pendant le concours, nous avons dessiné ces grandes arches sans savoir comment réagissait le matériau et on s’est aperçus ensuite que le dessin était un peu à la limite des caractéristiques physiques de la terre. Le pisé ne marche qu’en compression. On a donc dû opter pour un système de gros blocs préfabriqués, exactement comme on aurait mis en oeuvre de la pierre massive. Il n’y a, dans les arches, pas de traction ou de déformations », explique l’architecte. Les murs d’enceinte, larges de 80 cm au rez-de-chaussée, s’affinent à chaque niveau en dégageant des redents qui permettent d’asseoir les poutres de planchers. Ils redescendent tous les efforts de structure, à l’exception de ceux repris par les poteaux en bois à mi-portée des planchers. Les murs sont laissés bruts, dégagés de tout superflu : bardage, pare-pluie, parevapeur, enduit, peinture, etc.

La terre régule naturellement l’hygrométrie et la température intérieure, tout en offrant un confort acoustique inégalé grâce à ses capacités d’absorption et d’atténuation. Dénué d’isolation et de système de climatisation, le bâtiment affiche pourtant des performances bien supérieures aux exigences de la RT 2012. Les brasseurs d’air ont alors pu remplacer les habituels systèmes de climatisation.

Sur le plan réglementaire, en revanche, la complexité fut autre. Si les validations thermiques et sécurité incendie n’ont pas posé de problème, il n’en est rien de celle concernant la structure.

© Fabrice Fouillet
© Fabrice Fouillet

 

© Fabrice Fouillet
© Fabrice Fouillet

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En haut : plan du troisième niveau. En bas : élévation sud.


Retrouvez la suite de l’article dans le numéro 435 de L’Architecture d’Aujourd’hui — Matière et matériaux — disponible sur notre boutique en ligne.

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