Photo Origine
Projet Origine à Nanterre, Icade © Maud Caubet Architects | Quadri Fiore Architecture

Confiné·es

Confiné.e.s : Maud Caubet

Face au confinement imposé à tous pour contrer la propagation du virus Covid-19, nombre d’architectes ont dû adapter leur pratique et leur méthode de travail à ce nouveau rythme de vie. La série « Confiné.e.s » leur donne la parole, en interrogeant leur vision de la situation — mais aussi leurs recommandations culturelles. Aujourd’hui les réponses de l’architecte Maud Caubet.

L’Architecture d’Aujourd’hui : Où êtes-vous confinée et comment vous êtes-vous organisée pour poursuivre votre activité ?

L'architecte Maud Caubet
L’architecte Maud Caubet

Maud Caubet : Je partage ma vie entre deux pays, je travaille la journée à Paris et rentre le soir à Bruxelles où je suis installée avec mon époux et mes 3 enfants. La gestion du temps est donc mon meilleur allié. Ma vie est en effet organisée ainsi, comme une pendule, depuis bientôt 10 ans.
Avec mon équipe, nous avons l’habitude de la distance ponctuelle comme d’une communication en dehors du temps précieux passé à l’agence. La situation actuelle m’oblige à me sédentariser totalement à Bruxelles. Nous nous sommes assez rapidement organisés après l’annonce du confinement : l’ensemble des collaborateurs de l’agence est en télétravail, en ville ou à la campagne, en studio, en appartement ou en maison dans toute la France, en Belgique et en Italie.

 

Confinement et architecture sont-ils antinomiques ?
Tout dépend de la durée du confinement.
Dans un court terme, cela peut fonctionner grâce aux moyens de notre époque.
Dessiner une idée instantanée en visio, échanger avec les ingénieurs, présenter ou débattre sur un projet.. sont en effet possibles. Nous jonglons dans cet exercice de style de façon totalement dématérialisée.
Mais cette improvisation a ses propres limites car la communication par la voix seule ou l’image instantanée ne remplacera jamais l’échange humain chaleureux, le regard pour capter les émotions, les réactions, les désaccords, les gestes spontanés. Notre métier est un métier de sens. Et surtout un métier dont la finalité est de Construire, du Faire plutôt que du Dire.
Les architectes sont des personnes de terrain, qui travaillent en équipe, elles ne peuvent vivre leur profession seules et confinées. Le seul avantage que je vois au confinement est peut-être la prise de recul qu’il nous impose, les moments d’introspections, de réflexions sur ce que nous dessinons et sur ce que nous SOUHAITONS. Il est certain que cette période influencera notre approche et les conceptions que nous proposerons.

Quelles leçons pensez-vous tirer de l’impact écologique de cette crise ?
Une grande leçon d’humilité !
Quelle sidération de voir à quel point le microscopique, l’invisible, peut mettre à néant tout un système et son rouage élaboré pendant des décennies. Je suis stupéfiée de voir comment le monde, en quasi simultanéité, peut finalement se mobiliser sans délai pour éradiquer un mal qui tue dans le court terme.
Pourquoi l’homme réagit toujours dans l’urgence ? Pourquoi sommes-nous incapables d’ouvrir nos yeux dans le long terme, l’urgence climatique est également là et, nous le savons, son impact sera bien plus destructeur.
Mettons notre vie, notre époque à plat, décortiquons notre système pour recomposer un mode de pensée et un mode d’habiter digne, à la hauteur de l’intelligence du Vivant.

Un film à voir / un livre à lire pendant le confinement ?
Je recommande le livre Lutter contre la pauvreté: Le développement humain du Prix Nobel Esther Duflo.

Un compte à suivre sur les réseaux sociaux ?
Plutôt qu’un compte à suivre, j’invite plutôt à l’écoute de nos enfants ! Cela me parait essentiel pour se projeter dans leur avenir et le monde que nous construisons.

Qu’espérez-vous de cette expérience ?
Que les belles paroles se traduisent par des actes, des preuves, à toutes les échelles.
J’espère que cette expérience génèrera un changement de nos réflexes, ceux de la sphère personnelle, familiale, communautaire, professionnelle. Une politique courageuse doit être menée dans le long terme.
Il nous faut modifier notre rapport à la vie, préserver et magnifier nos ressources vitales : l’air, l’eau, le soleil, la terre.
L’effet de levier doit passer par l’éducation, la culture, le savoir. J’ai espoir que les prochaines générations auront cette approche dans leur ADN et adopteront une attitude plus radicale, plus assumée.

Quel impact a ce confinement sur la perception de votre espace de travail et, inversement, de votre espace domestique ?
Pour être très sincère les frontières entre les deux sont quasiment inexistantes…
Mon métier m’habite aux quotidiens, je me nourris d’idées depuis ma sphère privée dans mon travail et vice versa. Ma chambre est le prolongement de mon bureau. Mon lit est mon meilleur allié car il m’aide à faire le point, à me poser et à dessiner sur le recoin d’un livre, à poser une idée ou des mots. Mon bureau à l’agence dispose, quant à lui, de trois objets les plus précieux à mes yeux : une table, une lampe et de nouveau, d’une chauffeuse…

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Le site de Maud Caubet Architects.
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Découvrez également le hors-série AA PROJECT« Architecture de vie(s) », consacré à la démarche architecturale de l’agence Maud Caubet Architects, disponible sur notre boutique en ligne.

 

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