Affinités créatives #9 : DATA et le Studio Briand & Berthereau
Le 10 septembre dernier, AA animait avec la complicité de l’Atelier Tarkett la 9e édition des rendez-vous Affinités Créatives, invitant le designer Arnaud Berthereau du Studio Briand & Berthereau et Colin Reynier, architecte co-fondateur de l’agence DATA. Conçues comme des discussions multidisciplinaires, ces rencontres ont pour fil rouge de mettre en lien un architecte et un créateur de tout bord, invitant à sortir des rails de la pure conception architecturale et à explorer les ressorts de la création. Cette conversation était présentée à l’occasion de Eco.Work, une exposition scénographiée par Briand & Berthereau pour l’Atelier Tarkett. EXTRAITS CHOISIS.
Propos recueillis par Emmanuelle Borne, rédactrice en chef d’AA.
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L’Architecture d’Aujourd’hui : Pour commencer, il est intéressant de noter que chacune de vos agences explorent des champs disciplinaires autre que l’architecture ou le design. Arnaud, vous vous intéresséz entre autres, avec Joran Briand votre associé, à l’aménagement des espaces, au vêtement et la scénographie. Colin, avec Léonard Lassagne votre associé, vous opérez également des échelles variées. Est-ce que vous vous définiriez comme des « généralistes » ?
Arnaud Berthereau : Avec Joran, nous sommes bien designers de formation. On a fréquenté beaucoup d’architectes durant nos études. C’est notre expérience qui nous a permis de travailler sur différentes échelles du design, du mobilier à l’architecture intérieure.
AA : Vous avez collaboré ensemble à l’occasion de deux projets : la Maison des projets de la Semapa (Paris, 2016) et le centre de valorisation des déchets (Pantin, 2016). Pourriez-vous nous parler de ces projets ?
Colin Reynier : Ce sont deux projets plutôt différents. L’un, à Pantin, est situé sur un couloir périphérique, ceinturé par des circulations. Notre idée était de concevoir une façade qui permette la transition et laisse passer la lumière. Nous avons opté pour de la brique émaillée blanche, quelque chose de brillant et gai, pour inviter au passage. À Paris, il s’agissait de réhabiliter l’ancienne maison du directeur de l’usine de distribution d’air comprimé du XIXe siècle un lieu d’information pour la Semapa. La valeur patrimoniale de ce lieu, que nous avons conservée, se reflète aussi dans la signalétique dessinée par Briand & Berthereau, inspirée du langage formel ferroviaire, écho au passé du bâtiment et à l’histoire industrielle de ce quartier.
AA : Ce projet a été pensé comme une « structure capable », c’est-à-dire, permettant à l’intérieur une grande flexibilité de programme. Comment cela a-t-il été transposé ?
CR : Nous nous sommes concentrés sur l’organisation des espaces, sur la structure mais aussi sur la lumière. Selon nous, un bon projet, c’est un projet qui est conçu pour n’importe quelle destination.
AB : Le terme « structure capable » m’évoque plutôt l’intérieur du bâtiment, les moyens qui nous permettent d’utiliser cet espace de manière intelligente. Une structure capable, c’est pour moi, en réfléchissant à la chaise la plus fine possible par exemple, se demander quelle forme elle aura, quelle structure sera utilisée pour supporter le poids, etc.
AA : En parlant de finesse, qu’est-ce que la « frugalité » pour vous ?
CR : C’est une question que beaucoup d’acteurs de l’architecture se posent ! Pour nous, c’est s’attacher à réduire la consommation de matière et d’énergie, à chaque maillon de la chaîne de production. Cela nous permet aussi de travailler sur la question de l’assemblage. Ce qui nous plaît, c’est quand la main de l’homme construit.
AA : Quel serait le déroulé idéal d’un projet ?
AB : En design, il n’y pas vraiment, comme en architecture, un « calendrier idéal ». Ce qu’on aime faire, de notre côté, c’est rencontrer les fabricants, connaître leur savoir-faire, aller à l’usine, comprendre comment cela est fait. Certains designers dessinent, puis vont voir les fabricants. Or nous avons vraiment besoin de voir les gens avec lesquels on travaille. Plus qu’une collaboration, il s’agit d’une vraie équipe de production.
CR : Nous essayons de faire construire des bâtiments par des ouvriers, c’est quelque chose à laquelle nous accordons beaucoup d’importance. Depuis quinze ans que je pratique l’architecture, je sens qu’il y a maintenant plus de personnes dans les salles de réunions que sur les chantiers. La main de l’homme, aujourd’hui, est de plus en plus réduit. Il me semble qu’à la fin, on y perd tous un peu.
AA : Quand est-ce qu’on sait qu’un projet est fini ?
AB : Quand il n’y a plus rien ni à enlever et ni à rajouter.
AA : Quant au travail avec l’architecte, qui a le dernier mot?
CR : Il n’y a pas de dernier mot. À un moment donné, on arrive à une forme de satisfaction partagée. Nous discutons tout le temps entre associés, pour améliorer le dessin, par exemple. Je crois qu’il y a progrès quand on n’a plus besoin de s’y repencher.
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Merci à l'Atelier Tarkett et à nos invités : Arnaud Bertereau, designer co-fondateur du Studio Briand & Berthereau et Colin Reynier, architecte co-fondateur de DATA Architectes.