Beyrouth, l’architecte et le photographe
À Beyrouth, le chantier de restauration de l'Immeuble de l'Union, icône de l'architecture des années 1950, est en cours. Conduite par Karim Nader, cette réhabilitation est l'occasion pour l'architecte libanais de réfléchir à l'idée de "reprise" en architecture, épaulé par le photographe belge Julien Lanoo qui a parcouru la ville à ses côtés pour interroger l'avenir de la ville. Le photographe nous offre ici quelques points de vue exclusifs de ce reportage en noir et blanc.
L’Immeuble de l’Union est le nom donné à un bâtiment iconique du centre-ville de Beyrouth. Construit en 1952 par les architectes Antoine Tabet et Lucien Cavro, il a abrité bureaux et logements dans ses neuf niveaux avant d’être longtemps à l’état d’abandon. « Grand, luxueux et raffiné, le projet incarne l’esprit d’une époque dorée. L’immeuble comporte de nombreuses innovations high-tech pour l’époque : un parking souterrain avec station de lavage, des chaudières à eau directement importées des États-Unis, un vide-ordures avec incinérateur en provenance de France, quatre ascenseurs allemands, des cabines téléphoniques au rez-de-chaussée et dans le club sur le toit… » rappelle l’architecte.
Pour définir son approche de la réhabilitation, Karim Nader parle de « reprise », qu’il explique dans son livre For a Novel Architecture (LetteraVentidue Edizioni, 2020) : « La reprise mêle mémoire et espérance. C’est une façon de voir le passé de manière créative et de le réinventer. Il ne s’agit donc pas d’une rénovation classique. Il y a une remise à jour du bâtiment. »
C’est pour témoigner de ces vies passées que l’architecte a fait appel à Julien Lanoo pour poser un regard sensible sur ces « artefacts », comme autant de témoins de l’avenir potentiel de Beyrouth. Cette collaboration a donné naissance à un projet commun, toujours en cours, qui devrait donner lieu à une exposition et à un livre. En attendant, exploration en noir et blanc.
Sculpture de Julien Dorier à l’entrée de l’Immeuble de l’Union
Nous sommes au milieu d’une opération chirurgicale, et le bâtiment est un témoignage de l’instant présent. Nous voyons la blessure, nous ressentons la douleur, mais nous sentons aussi l’espoir symboliquement représenté par les photos d’un vieil artefact blessé qui implore une nouvelle vie.
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