En plein cœur de La Puisaye, région naturelle française à cheval entre l’Orléanais, le Nivernais et la Bourgogne, le Campus MaNa entame sa deuxième année d’activité. Cofondé par le designer français Thomas Dariel et son associée Sophie Dariel, Campus MaNa est un centre de formation professionnelle international dédié aux métiers d’art, au design, à l’architecture et aux arts en général. Implanté sur un domaine de quelque 37 hectares, le campus offre l’isolement et la déconnexion propices à la création libre. Visite présentée dans le n°459 de L’Architecture d’Aujourd’hui.

L’histoire débute en 2018, à l’annonce de la fermeture prochaine du centre d’application de l’École nationale vétérinaire, situé à Champignelles. L’État français lance un appel à candidatures pour la cession du site. Grâce à l’appui d’élus locaux, le soutien d’investisseurs, un partenariat agricole judicieux pour obtenir l’accord des Safer (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural) et, surtout à la promesse d’un concept innovant, la proposition de Thomas et Sophie Dariel est retenue. Les travaux de reconfiguration et d’aménagement de l’ensemble immobilier débutent en 2020, et le campus est inauguré le 7 avril 2023.

Parmi les nombreux bâtiments qui composent le campus, la maison des Manaïstes, nom donné aux “apprenants”, est une bâtisse bourgeoise du XIXe siècle entièrement rénovée et décorée par Thomas Dariel. La maison compte une douzaine de chambres et différents espaces de convivialité, le tout meublé d’un heureux mélange de vintage et de design contemporain. L’œil averti reconnaîtra le canapé Sumo ou la lampe Little Eliah édités par Maison Dada, la maison créée par Thomas Dariel, la méridienne X-Ray d’Alain Gilles éditée par La Chance, ou encore les iconiques suspensions de Bertrand Balas pour DCW Éditions. Aux murs, de nombreuses gravures prêtées par la Métairie Bruyère (centre d’art graphique pour l’impression et l’édition d’art, situé à une trentaine de kilomètres du campus) sont offertes à la contemplation. Autant de références qui participent sans doute à stimuler la créativité des apprenants. Quant aux espaces pédagogiques, trois ateliers entièrement équipés – un atelier bois de 400 m2, un atelier métal de 200 m2 et un atelier céramique de 400m2, ainsi qu’un amphithéâtre de 1000 m2 réservé aux interventions plus théoriques et autres cours magistraux, ponctuent le domaine.

Le décor planté, place au programme. Campus MaNa propose aux professionnels de la création et amateurs éclairés des formations certifiées, assurées par des architectes, designers, artisans et théoriciens reconnus. Le temps d’une semaine, les apprenants, logés en pension complète, découvrent un savoir-faire, expérimentent la transdisciplinarité, renouent avec le travail de la main et s’inspirent de leurs rencontres sur place. « Campus MaNa, c’est aussi l’auberge espagnole culturelle, où chacun vient partager le fruit de son expérience et repart enrichi de celle des autres », raconte Raphaël Cuir, directeur général du campus. Pour chacune des formations proposées, une attention toute particulière a été portée au juste équilibre entre théorie et pratique. Dans un monde où l’intelligence artificielle bouleverse et transmue la pratique de l’architecte, Campus MaNa invite femmes et hommes de l’art à renouer avec l’intelligence de la main, le temps d’une respiration salutaire.

par Guillaume Ackel