Architecture

En vidéo : architectures en transition

De janvier à mai 2024, à l'initiative de la Maison de l'Architecture Occitanie - Pyrénées, l'institut supérieur des arts et du design de Toulouse recevait un cycle de conférence intitulé « Architectures en transition », donnant la parole aux architectes de l'agence Plan Común (FR), Lacol (ES), Raumlabor (DE) et Charlotte Malterre-Barthes (FR). « Les architectures, comme le reste, sont en transitions. » AA relaye ici les quatre vidéos captées durant ce cycle de conférences.

Kim Courrèges et Nissim Haguenauer (Plan Común), février 2024

Fondée en 2012, installée à Paris et Santiago, l’agence d’architecture franco-chilienne Plan Común développe des stratégies pour maximiser et renforcer les espaces partagés et collectifs, le bien commun, au moyen d’outils architecturaux simples : les projets architecturaux et urbains mais aussi la recherche, l’édition, l’exposition. Les commandes, qu’elles soient publiques ou privées, font l’objet d’une approche stratégique visant à réévaluer les usages et les hiérarchies spatiales, en considérant l’architecture comme faisant partie d’un réseau complexe de conditions et d’intérêts différents.

Retrouvez leur dernier projet, la Maison commune, dans le numéro « Extra-ordinaire » de AA, paru en février 2024.

Cristina Gamboa (Lacol), mars 2024

Lacol est une coopérative de travail à but non lucratif, cofondée par 14 architectes en 2009 dans le quartier de Sants, à Barcelone. Leur activité se base sur un système de travail horizontal qui englobe l’architecture, l’urbanisme, les politiques de logement et les processus participatifs, brouillant les limites des différentes disciplines pour définir une approche transversale. Lacol vise à générer des infrastructures communautaires pour la durabilité de la vie, en tant qu’outil clé pour la transition éco-sociale urgente. La conférence présentera cette mission et cette vision à travers une série de projets et d’initiatives où l’architecture, l’économie sociale et la participation jouent un rôle commun.

Lacol avait fait l'objet d'un portrait dans le numéro « Europe, nouvelle génération » de AA, paru en février 2022.

Markus Bader (Raumlabor), avril 2024

Raumlabor est un collectif d’architectes qui prône une architecture engagée, en lien avec l’urbanisme et l’art par le biais d’interventions urbaines. Raumlabor explore sous diverses formes la manière dont l’architecture et les architectes peuvent prendre part aux grandes transformations pour vivre dans un environnement empreint par les différentes crises successives du XXIe siècle. Considérant l’architecture comme pratique plutôt que collection d’objets, raumlabor expérimente la production de la ville (city-making) sur la base d’actions collectives et d’échanges de connaissances : assembler, construire, cuisiner, recycler, danser, etc. Ces actions se déroulent dans différents contextes éducatifs, institutionnels ou auto-construits. Raumlabor propose des pédagogies ouvertes en faveur d’un apprentissage par la pratique dans des contextes collaboratifs. En faisant l’expérience d’utopies réelles, raumlabor met en place des situations spatiales et sociales complexes comme terrains d’expérimentation pour la transformation — des espaces tests pour un futur urbain coopératif.

Co-fondateur de raumlabor et professeur à l’université des arts de Berlin, Markus Bader est aussi membre actif de l’association Urbane Praxis à Berlin, du groupe de travail « espaces d’apprentissage » de la Floating University et de la coopérative qui pilote la transformation de Haus der Statistik. En s’appuyant sur l’architecture en tant que pratique spatiale, la conférence s’articule autour de ces deux derniers exemples et évoque la manière dont les partenariats public-citoyen peuvent désormais favoriser la transformation des sites, la production de connaissances, l’apprentissage civique et l’autonomisation vers de nouveaux modes de gouvernance urbaine.

Charlotte Malterre-Barthes, mai 2024

« Un moratoire sur les nouvelles constructions. Il n’y pas d’innocence du bâti. Des poutres en acier galvanisé aux murs en béton, en passant par les planchers légers en bois reconstitué et les isolants en polyuréthane et polystyrène, chaque composant de l’environnement construit est le produit de processus d’extraction. Propulsée par des mécanismes économiques voraces et impatients, la production du bâti mondial se poursuit, rapide insatiable, destructrice. Pourtant, les processus qui correspondent à cette destruction ont longtemps été considérés comme un mal nécessaire, sans lien direct avec la discipline, de l’éducation et de la pratique de l’architecture. Cette neutralité n’est plus tenable. L’urgence climatique et sociale est une réalité. L’appel à un moratoire sur les nouvelles constructions découle de ces urgences et de l’absence palpable d’action de la part des disciplines de la conception et de l’industrie du bâtiment. Entre expérience et appel à l’action, il propose un saut dans l’abîme pour envisager un avenir moins extractif, fait de ce que nous avons : ne pas démolir, ne pas construire du neuf, construire moins, construire avec ce qui existe, l’habiter différemment, et en prendre soin. »

Charlotte Malterre-Barthes (DPLG, Ph.D. ETHZ) est architecte, urbaniste et professeure de projet architectural et urbain à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse. Auparavant professeure à l’université de Harvard (Graduate School of Design), elle mène des recherches sur l’urbanisation contemporaine, l’extraction de matériaux, l’urgence climatique et la justice climatique, spatiale et sociale. Elle a publié récemment Immigration et ségrégation spatiale, L’exemple de Marseille (éditions Parenthèses, 2022) et la bande dessinée Eileen Gray: Une maison sous le soleil (Dargaud, 2020) parmi de nombreux autres livres et articles. Son prochain livre, A Moratorium on New Construction, paraîtra chez Sternberg Press, à l’automne 2024, en anglais.

« Architectures en transition », du 8 février au 16 mai 2024

Captation et montage : Romain Quartier
Sous-titres : Laurie Courivaud


Pour en savoir plus sur la programmation de la Maison de l'architecture Île-de-France, rendez-vous sur leur site internet.

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