Architecture

Entretien avec bureau faceB, Grand Prix du jury AMO 2024

Le lundi 14 octobre 2024 étaient décernés les prix AMO 2024. Lauréats de la catégorie « Plus belle métamorphose » avec la mairie de Wasquehal pour la réhabilitation-extension du dojo départemental, bureau faceB (Camille Mourier et Germain Pluvinage) s’est vu également décerner le Grand Prix du Jury. Découvrez ci-dessous un entretien avec les architectes, publié dans le livret du prix AMO 2024 consultable dans son intégralité.


 

plan réhabilitation dojo bureau faceB photo avant après


Quelles qualités avez-vous trouvées à ce dojo datant des années 1980, pourtant très abîmé, quand vous l’avez découvert ?
L’architecture du dojo était effectivement très marquée par son époque, celle des années 1980. Les façades opaques de la salle de combat faisaient d’elle un espace « introverti ». Bien que construit il y a moins de quarante ans, au moment du concours, le bâtiment présentait de lourdes pathologies : éclatement du béton à cause de la corrosion des aciers trop faiblement enrobés, fissuration avec décrochement des piles, infiltration, etc. De plus, sa juxtaposition avec une patinoire et un funérarium rendait son insertion urbaine peu aimable. Bien que plébiscité par les judokas de la région, le dojo était décrié pour son esthétique dégradée. Pour autant, il reste un bâtiment avec une forme forte, qui tire sa puissance de la radicalité de sa géométrie d’origine : un plan carré, une trame rayonnante pour installer les files porteuses et un axe est-ouest pour connecter ensemble les différents pavillons.

Entre rénovation et transformation, qu’est-ce qui a déterminé l’étendue de la métamorphose ?
L’enjeu de cette réhabilitation a consisté à modifier radicalement la perception du bâti tout en s’appuyant sur les usages déjà en place. L’exosquelette de la structure en béton du dojo, ainsi que les chéneaux en débord de la couverture, étaient fortement dégradés, les aciers des poteaux non protégés en tête se corrodant et faisant éclater les bétons. Pour y remédier, nous avons installé un couronnement en « L » en béton préfabriqué qui supporte l’étanchéité du nouveau chéneau et masque les pentes de couverture initiales, unifiant ainsi la structure existante et l’extension. L’extension utilise une structure tramée sur le module du tatami, avec des poteaux en béton préfabriqués en écho à l’exosquelette du dojo. Elle vise à marier la finesse des façades avec le béton brut à travers un jeu de transparences. Les locaux communs et les tribunes étant situés «à dos » du dojo, cette disposition libère les trois façades de la salle de sport. Elle s’ouvre ainsi vers la ville, à l’inverse de la salle existante.

Avez-vous l’habitude de telles opérations de transformations et en quoi celle-ci enrichit votre pratique ?
À bien des égards, ce projet fut une première. Il a débuté en 2017 avec un concours de maîtrise d’œuvre, pour une livraison en novembre 2023. La maîtrise de l’économie en aura été le principal défi. Tout d’abord en raison d’un diagnostic insuffisant, qui sous- estimait les pathologies du béton du dojo existant. Ensuite, le chantier, à l’origine prévu sur plus de deux ans pour maintenir le site en activité, a subi deux crises : celle du Covid 19, puis celle de l’inflation des coûts des matériaux, à la suite de la guerre en Ukraine. Grâce à des échanges ouverts, directs et constructifs avec notre maîtrise d’ouvrage, le projet a pu bénéficier d’une augmentation de budget et progresser, tout en s’améliorant. Ce projet est, à notre avis, un cas d’école pour la rénovation de ce patrimoine peu valorisé construit dans les années 1980 et 1990.

 

 


 

Découvrez ci-dessous le livret AMO 2024 en intégralité :

 

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