Archi en aparté : Atelier masōmī
À la manière d’un court questionnaire de Proust, AA interroge les architectes sur leur métier, leurs projets, leur vision de l’avenir. Aujourd’hui, rencontre avec l’agence Atelier masōmī, créé par l’architecte nigérienne Mariam Kamara.
Connue pour son travail aux États-Unis et dans sa ville natale de Niamey au Niger, Mariam Kamara est guidée par la conviction que les architectes ont un rôle important à jouer pour offrir une meilleure qualité de vie à des millions de personnes. Elle est également membre fondatrice de united4design, un collectif international d’architectes travaillant sur des projets aux États-Unis, en Afghanistan et au Niger. Mariam Kamara a reçu le Gold Award lors des Regional LafargeHolcim Awards 2017 Middle East Africa, et sera la «protégée» de l’architecte britannique David Adjaye dans le cadre du Rolex Mentor et Protégé Arts Initiative.
Être architecte, c’est…
Mener une vie schizophrénique, privée de sommeil. Et d’une certaine manière, c’est une expérience profondément belle.
Mon plus beau souvenir d’architecture
Regarder les premiers 20 cm de mur s’élever lors de mon premier projet construit. Tout d’un coup, c’était comme si j’étais dans un univers parallèle où je marchais physiquement à l’intérieur de mes plans dessinés. C’était une première expérience incroyable.
Ma commande idéale
Tout projet avec un client motivé et ouvert d’esprit.
Le projet que j’aurais aimé signer
Il y a tellement de projets que j’admire beaucoup. Plutôt que d’avoir voulu les signer, je m’efforce d’apprendre tout ce que je peux d’eux.
Le projet dont je suis la plus fière
Le Religious-secular Center dont nous finissons actuellement la construction au Niger. Nous appelons le projet «Hikma» («sagesse» en arabe) pour ce que son programme vise à accomplir.
L’autre métier que j’aurais pu faire
J’ai été développeuse de logiciels et j’ai passé des années à vouloir devenir architecte. Je suis devenue architecte, donc je n’ai pas envie de faire autre chose.
Les nouveaux enjeux de la profession ?
La population de la planète croît de façon exponentielle, les villes explosent, tandis que les ressources se raréfient et que les économies sont menacées. En tant qu’architectes, nous n’aurons d’autre choix que de résoudre ces problèmes et de proposer des solutions concrètes.
Le prochain sujet ou programme que vous aimeriez explorer
Je suis très intéressé par l’urbanisme des villes en croissance dans ce que nous appelons aujourd’hui le Sud Global. Il y a tellement de sujets à aborder dans ce contexte. Mais à la fin, tout se résume à l’impossibilité pour ces villes de se développer en suivant un modèle occidental déconnecté, et à la nécessité de créer de nouvelles typologies qui adressent leurs spécificités aux problèmes de façon réaliste.
Le conseil que je donnerais à un(e) jeune architecte
N’ayez pas peur.
Ce que je souhaite transmettre à mes collaborateurs
La passion du travail et l’optimisme dans la mesure du possible.
L’architecte qu’il faut suivre
David Adjaye pour son extraordinaire capacité à toujours trouver une nouvelle voie pour les typologies qu’il aborde.
Un lieu qui m’inspire
J’aime regarder les villes depuis le ciel. Cela offre un niveau de clarté très agréable. Donc, j’en viens à faire beaucoup de travail de conception quand je prends l’avion…
La ville où je me sens le mieux
Niamey, Niger.
Mon livre de chevet
Identités Meurtrières d’Amin Maalouf.
Un objet, une œuvre d’art que j’apprécie particulièrement
Mes livres.