Archi en aparté : Djuric – Tardio
À la manière d’un court questionnaire de Proust, AA interroge les architectes sur leur métier, leurs projets, leur vision de l’avenir. Aujourd’hui, rencontre avec l’agence Djuric Tardio Architectes, basée à Paris. Mirco Tardio et Caroline Djuric ont fondé leur agence en 2004, avec deux axes de recherche en tête : la durabilité et l’optimisation énergétique, aussi bien pour l’architecture que pour la densification urbaine. Leurs travaux ont été récompensés par de nombreux prix, comme le concours EDF Bas Carbone 2014, le concours Europan 7, ou les Lauriers du Bois 2012 (catégorie Maison en ville).
Être architecte c’est…
Caroline Djuric : Être à la fois homme (ou femme) d’orchestre et acrobate.
Mirco Tardio : Être impliqué et moteur de sa propre commande, coordonner les acteurs et les sensibiliser aux nouveaux enjeux environnementaux de la ville en transformation.
Ma commande idéale
CD : Celle du client idéal… peu importe la question si elle est bien posée, si l’intention ou simplement l’esprit est bon.
MT : Celle qui vient d’une réflexion large, environnementale et bioclimatique, futuriste et visionnaire, ambitieuse et bienveillante.
Mon métier dans 20 ans
CD : Il sera probablement plus en lien avec le patrimoine existant, plus tourné vers la réhabilitation. Je le souhaite motivé par une architecture réellement durable… et moins égocentrique.
MT : Il évolue aujourd’hui à grande vitesse avec de nouveaux types de commande, de forts objectifs sociaux et environnementaux. Étudiant, j’avais conscience d’entamer une époque charnière. En quelques années les choses ont évolué et tout est à faire : marquer notre temps par une nouvelle écriture architecturale bioclimatique, composer avec de nouvelles matérialités biosourcée respectueuses de l’environnement, chercher la bonne formule pour construire la ville sur la ville… Dans 20 ans, l’objectif est d’y avoir réussi.
Le conseil que je donnerais à un jeune architecte
CD : Ose dire que tu ne sais pas, mais cherche toujours à comprendre… il y a tant à apprendre. Il faut savoir s’emparer des sujets techniques et de toute la complexité du projet pour faire une architecture cohérente et durable.
MT : Ne rien laisser passer, s’adapter à notre temps et tenir les yeux grands ouverts sur tout.
Ce que je souhaite transmettre à mes collaborateurs
CD : Comment fabriquer un lieu en lien avec l’usage et le site, le soin du détail.
MT : L’enthousiasme de faire l’architecte d’aujourd’hui : celui qui invente et qui va là où on ne l’attend pas.
L’architecte émergent qu’il faut suivre
CD : HArquitectes
MT : Je ne sais pas, il y en a beaucoup.
Le projet que j’aurais aimé signer
CD : Le pavillon de Barcelone… petit mais puissant !
MT : La Stahl House à Los Angeles et les Bains des Docks au Havre.
L’autre profession que j’aurais aimé exercer
CD : Auteur illustrateur.
MT : Chef cuisinier, sans aucun doute !
Un lieu qui m’inspire
CD : La nature, les jardins… inspirant aussi, la sieste !
MT : L’avion.
Un livre, un objet, une œuvre que j’aime particulièrement
CD : Bandini de John Fante, les petites structures de Jean Prouvé ; simples, ingénieuses, engagées et belles.
MT : Under Pressure de Thomas Keller et Les mémoires de Fernand Pouillon.