Architecture

Archi en aparté : INÉDIT Architecture

À la manière d’un court questionnaire de Proust, AA interroge les architectes sur leur métier, leurs projets, leur vision de l’avenir. Aujourd’hui, rencontre avec Orash Montazami et Bertrand Fairerol, les deux co-fondateurs de l’agence INEDIT Architecture. Du design à l’urbanisme, l’agence basée à Paris et à Londres conçoit des projets à différentes échelles en s’efforçant de toujours valoriser le dialogue socio-urbain. INEDIT Architecture a récemment livré l’Ecole 42, à Paris en 2013, et participé à l’appel à projets innovants Réinventer Paris.

orash + bertrand B&W
Orash Montazami et Bertrand Fairerol, co-fondateurs de l’agence INEDIT Architecture © INEDIT Architecture

 

Être architecte c’est…

Orash Montazami : Analyser, comprendre pour ensuite séduire et créer l’émotion.

Bertrand Fairerol : Être capable de créer un monde nouveau, « admettre ce qui peut sembler irrationnel à nos esprits organisés du XXème siècle, renier ses structures mentales, jeter le germe de possibilités nouvelles…» Claude Parent.

Ma commande idéale :

OM : Un programme pluridisciplinaire qui associe des fonctions définies et nécessaires à des usages plus sociales et associatifs, plus ludiques. La programmation est au centre d’un projet réussi et les donneurs d’ordre prennent de plus en plus conscience de ce facteur.

BF : Un projet dans lequel chacun de mes traits resteraient intacts et dans lequel ma pensée ne serait pas trahie.

 

Mon métier dans 20 ans

OM : Une accentuation des échanges et les rencontres entre différents acteurs sur une réflexion commune. Des collectifs, confrontant chacun leurs expériences et leurs perspectives, pour faire émerger des projets de plus en plus innovants.

BF : Les formes d’habitations de demain devront faire preuve d’une très grande humilité et respecter plus que jamais l’environnement dans lequel elles s’inscriront.

Le conseil que je donnerais à un jeune architecte

OM : S’informer en permanence des réflexions de leurs contemporains, des innovations et des évolutions. Aller à la rencontre d’architectes novateurs qui aujourd’hui à travers leurs études et leurs écrits esquissent la mutation. Et parallèlement se cultiver dans d’autres domaines, être en corrélation avec son temps, son époque.

BF : Ne jamais déserter son idéal et rester réceptif aux messages de la nature.

École 42, Paris ©INÉDIT Architecture
École 42, Paris ©INEDIT Architecture

Ce que je souhaite transmettre à mes collaborateurs

OM : Notre agence est une agence Open Source. Ce principe est la base d’une collaboration qui doit être axée sur la performance. Chacun doit être conscient des facteurs qui permettent à une agence de subsister, de faire de la recherche et du développement.

BF : La passion du métier, l’exigence et le goût du détail. Mais bien plus encore, l’insolence et l’arrogance sincère, dans le but de toujours défendre ses convictions.

L’architecte émergent qu’il faut suivre

OM : Aujourd’hui, je ne parlerai plus d’un seul architecte, mais l‘émergence de groupements et collectifs d’architectes. Des structures telle que Talents & Co regroupent des créatifs au service d’un projet, sont une nouvelle façon de faire émerger des talents au service d’un projet.

BF : Je suis un admirateur sans réserve de Frank Lloyd Wright, de tous il restera à mes yeux le plus grand. Toutefois, le travail minimaliste des architectes Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa me bouleverse. Cette volonté farouche de toujours vouloir réaliser « un projet simple et sans détour » est admirable.

M5A2 / Réinventer Paris ©INÉDIT Architecture
M5A2 / Réinventer Paris
©INEDIT Architecture

Le projet que j’aurais aimé signer

OM : 1111 Lincoln Road – Herzog & de Meuron. Tout étudiant en architecture a forcement réalisé une « maquette d’étude » en superposant des plateaux grâce à des chutes faisant office de structure intermédiaire. Herzog & de Meuron ont eu l‘audace de le concrétiser en projet.

BF : La commande donnée par Edgar Kaufman à Frank Lloyd Wright, qui a donné naissance à l’un des plus beaux chef d’oeuvre architectural : “The Fallingwater”.

L’autre profession que j’aurais aime exercer

OM : Sans hésiter réalisateur. J’ai toujours pensé qu’un réalisateur, plus qu’un architecte avait une certaine maitrise de son œuvre et de son sujet. L’univers imaginé et crée est à destination d’un plus grand public tout en étant moins filtré et moins dénaturé par de multiples interventions.

BF : Chef cuisinier, pour le plaisir de donner du bonheur aux gens… la grande affaire de l’homme, de l’architecte finalement.

Le Nouveau Pavillon, Paris ©INÉDIT Architecture
Le Nouveau Pavillon, Paris
©INEDIT Architecture

Un livre, un objet, une œuvre que j’aime particulièrement

OM : Un livre : Architecture météorologique, de Philippe Rahm ; un objet : une feuille blanche ; une œuvre : Home Within Home par Do-Ho Suh.

BF : Le recueil de poèmes Feuilles d’herbes de Walt Whitman, pour son audace et son immédiateté ; un objet : mon feutre noir : sans lui je serai incapable de travailler, de créer ; l’oeuvre complète d’Edward Hopper pour son regard acéré, son travail sur la lumière et l’obscurité.

Un lieu qui m’inspire

OM : Un pays, une culture, le Japon. Un lieu où le rapport à la nature reste centrale. Une culture qui fait l’apologie de l’éphémère, de la fragilité, de la beauté des choses imparfaites et modestes.

BF : Si on observe avec attention tout ce qui nous entoure, tout est source d’inspiration. Mais le lieu qui me touche le plus, est un lieu gardé secret, où la nature plus forte que tout reprend perpétuellement ses droits.

 

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