Archiplein — Coeur de Ville de Scionzier © 11h45

Architecture

Entretien avec Atelier Archiplein, Grand Prix du jury AMO 2023

3 questions à Marlène Leroux et Francis Jacquier (Atelier Archiplein), lauréats du prix Transeuroparchi et Grand Prix du jury AMO 2023 avec leur projet pour le réaménagement du cœur de ville de la commune de Scionzier (Haute-Savoie). Découvrez la suite du palmarès 2023 du Prix AMO dans le livret AA en version numérique.

Le projet a commencé par la réhabilitation d’un premier bâtiment, une ancienne usine de décolletage, pour mener à la requalification d’espaces publics et la création d’une halle en bois de toute beauté. Pouvez-vous raconter comment votre maître d’ouvrage en est venu à vous confier un projet à tiroirs (et en quoi consistent précisément ces différentes étapes) ?
Jusqu’alors, le centre-ville de Scionzier était dépourvu d’une identité forte, assimilé à une zone de transit vers des stations de ski et de loisirs en montagnes. On passait par Scionzier sans y prêter attention. En 2020, la perspective de rénovation de l’usine de décolletage Alpex, patrimoine culturel et architectural local, a fait ressurgir l’histoire industrielle de la commune dans l’espace public et a lancé l’impulsion d’une nécessaire, et désormais urgente rénovation de l’ensemble du centre-ville.
En effet, durant de nombreuses années, les interventions urbaines consistaient exclusivement au maintien de la sécurité routière et à l’aménagement de places de parking.
Le premier projet consistait en une réhabilitation et extension de l’ancienne usine Alpex en centre culturel. Cette dernière était complètement invisible car parasitée par une série d’annexes et de locaux industriels de piètre valeur. L’avancement du projet ainsi que les démolitions ont fait apparaître un nouvel espace libre qui a fait mûrir le projet du côté de la maîtrise d’ouvrage.
Concomitant au changement de l’équipe municipale, a été lancé un nouvel appel d’offre pour la rénovation du cœur de ville avec une équipe pluridisciplinaire de mandataires comprenant des ingénieurs VRD et architectes.
Nous avons alors fait la proposition, inattendue de leur côté, d’une halle de marché en lieu et place du parking public. En effet, nous considérions que l’espace libre résultant était bien trop vaste et nécessitait un point d’articulation urbaine, un élément bâti structurant pour transformer les usages. Ensuite, au regard de sa position centrale dans la ville, les questions de mobilité et de fonctionnement de la ville ont conduit à la réalisation du projet global en plusieurs étapes de travaux sur trois années.
Livré début 2023, le réaménagement du « cœur de ville » a transformé l’image de la commune, insufflé de nouveaux usages, redynamisé l’espace public et amélioré la qualité de vie des riverains mais aussi permis à la commune de Scionzier de devenir une nouvelle destination pour des évènements culturels (concerts, cinémas), le marché hebdomadaire ou le marché de Noël, de grandes braderies ainsi que des festivals de musique nécessitant un vaste espace de dégagement.

Archiplein — Scionzier © Archiplein

Quels ont été pour vous les principaux défis de cette intervention architecturale et urbaine, de quelle façon les avez-vous adressés et comment s’est déroulée la relation avec votre maître d’ouvrage ?
Les principaux défis ont porté sur quatre registres et se sont toujours résolus de manière fluide et sereine car notre collaboration repose sur des valeurs communes notamment en ce qui concerne le développement durable et la prévalence de la cohérence urbaine et architecturale. En premier lieu, il s’agissait de défis culturels, comme celui de libérer la place des voitures, sujet particulièrement délicat, dans une structure urbaine où la voiture est omniprésente.
En second lieu, l’ensemble des interventions devaient tout autant servir à la vie quotidienne (délassements, places de jeux, marché hebdomadaire) qu’à de grands évènements régionaux (festivals, foires, marchés de Noël, etc.), nous devions donc échanger très précisément sur les aspects logistiques et fonctionnels afin de trouver le bon arbitrage entre la tenue rigoureuse du projet d’ensemble et une addition d’injonctions logistiques.
Troisièmement, notre équipe pluridisciplinaire à dû relever les défis techniques notamment liés au passé industriel du site mais aussi à la présence du Foron, rivière canalisée qui passe en sous-sol de la place et qui impose une somme de contraintes importantes, notamment la limitation de plantations.
Enfin, le dernier défi a été la tenue du planning en général et l’approvisionnement en bois, notamment durant les périodes complexes du Covid. Ici, c’est tout particulièrement grâce à la ténacité et la réactivité du maître de l’ouvrage que les délais ont (à peu près) été tenus.

Quelle suite allez-vous, avec la commune de Scionzier, donner à cette collaboration ?
Tout d’abord, nous suivons la vie de ce nouveau cœur de ville et accompagnons les ajustements nécessaires à la vie réelle d’un tel objet urbain. La commune adhère désormais au dispositif « Petites villes de demain » avec pour objectif principal le développement de son centre-ville pour en faire une zone économique et culturelle ; elle va ainsi poursuivre, nous n’en doutons pas, sa “réparation” urbaine. Et évidemment, la qualité de nos échanges et la confiance réciproque nous poussent à vouloir continuer une forme de collaboration.

Archiplein — Scionzier © 11h45

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