La Vill’a hors des sentiers battus
Il est des architectures qui se donnent à vivre plutôt qu’à survoler en images. Difficiles à appréhender en photos ou même en plans, ces réalisations complexes sont avant tout faites pour l’usage. Parmi celles-ci, la Maison d’enseignement et de pratiques des arts, dite La Vill’a, dans la ville d’Illkirch, au sud de Strasbourg, livrée par l’agence Chochon & Pierre fin 2015. Dédié à 1 200 utilisateurs de tous âges, l’endroit réunit différents enseignements artistiques dans une ancienne chaufferie de la SACM (fabrication de locomotives). « L’architecture, c’est l’émancipation », souligne François Chochon en déambulant à travers le bâtiment où « le corps est respecté dans sa capacité de choisir », loin de toute architecture « autoritaire ».
Ici, l’intervention architecturale a consisté à intégrer, de part et d’autre d’une travée centrale où se logent les anciens silos en béton, de nouveaux « moteurs », c’est-à-dire les espaces réservés aux activités de danse et de musique. Une fois ces deux boîtes intégrées dans l’ancien corps en béton réhabilité, reste les « espaces interstitiels », dont l’intitulé traduit bien mal la générosité. Résultant de la juxtaposition des nouveaux programmes et de l’ancienne structure, plateaux et cheminements variés permettent aux usagers de se croiser et d’échanger autant qu’à l’équipe de la Vill’a d’y organiser expositions ou événements. Hors des sentiers battus, le projet l’est également dans son versant urbain, avec une passerelle raccordant le bâtiment aux berges de l’Ill, appelant un « urbanisme buissonnier ». À la Vill’a, comme en ses abords, émancipation rime avec appropriation.
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Emmanuelle Borne
Architectes : François Chochon & Laurent Pierre Architectes ; Atelier Gaston Valente, architecte associé.
Maître d’ouvrage : Ville d’Illkirch
Surface du bâtiment : 2.900 m² (SHON 4.200 m²)