Architecture

Christine Leconte : « Le logement ne peut pas être un produit économique au rabais »

Le 15 février dernier, quelques 300 architectes signaient dans le journal Le Monde une tribune intitulée « Pour des logements de qualité au bénéfice de tous ». Cette pétition – disponible sur change.org – ayant engrangé plus de 2400 signatures s’oppose au projet de loi ELAN (Évolution du logement et aménagement numérique) qui doit être bientôt présentée en Conseil des ministres et dont l’article 25 remet en question le recourt aux concours par les bailleurs sociaux. Une véritable menace pour la construction de logements sociaux de qualité. La présidente du Conseil régional de l’Ordre des architectes d’Ile-de-France, Christine Leconte, revient pour AA sur les tenants et objectifs de cette mobilisation.

L’Architecture d’Aujourd’hui : Quelles sont vos craintes face à ce projet de loi ELAN ?
Christine Leconte : Il est dangereux d’envisager le retrait de la loi MOP et des concours pour les logements sociaux, demandé par l’Union Sociale pour l’Habitat. Pour nous, architectes, il ne s’agit pas de contraintes mais de règles indispensables car cela engage de l’argent public. Nous avons besoin, en France, d’un cadre contractuel fort et moderne qui régit les marchés publics, comme la loi MOP. Une loi ne doit pas se fabriquer en deux jours, il faut le temps du débat car l’impact est considérable pour nos concitoyens.

AA La mobilisation des derniers jours ne concerne pas uniquement cette loi mais la qualité de la production de logements en France…
CL En effet, nous voulons mettre en lumière la dégradation de la qualité des logements produits aujourd’hui, qui répondent avant tout à une économie de marché. Or les logements ne peuvent pas être des produits économiques au rabais, ils construisent la ville et doivent être pérennes. Nous devons avant tout éviter la course à la marge dans une logique purement économique à court terme. Et il faut réfléchir sur le long terme : aujourd’hui, rénover les ensembles des années 1970 coûte très cher. Si la qualité des logements construits actuellement se dégrade, ce sont les frais de rénovation et, à terme, la dette du pays qui augmente.

AA Vous attendiez-vous à une telle mobilisation ?
CL Notre tribune a soulevé une mobilisation sans précédent parmi les architectes mais aussi les élus. Mais cette tribune se veut aussi accessible au grand public, c’est pourquoi elle n’est pas technique et concerne tout le monde. Nous avons, à l’heure actuelle, environ 2400 signataires, dont de nombreux architectes de renom. Mais nous voulons, avant tout, alerter les décideurs et nous avons constaté que les députés étaient réceptifs à ces questions-là car ils connaissent le terrain.

AA Quel est l’objectif de cette pétition ?
CL C’est avant tout pour remettre le logement au cœur du débat. Cette pétition est une manière d’entrer en contact avec le gouvernement et de faire entendre notre voix et nos propositions.

Pour signer la pétition, rendez-vous sur change.org ou le site internet du Conseil national de l’Ordre des architectes.

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