Confiné.e.s : Dominique Coulon
Face au confinement imposé à tous pour contrer la propagation du virus Covid-19, nombre d’architectes ont dû adapter leur pratique et leur méthode de travail à ce nouveau rythme de vie. La série « Confiné.e.s » leur donne la parole, en interrogeant leur vision de la situation — mais aussi leurs recommandations culturelles.
Aujourd’hui, les réponses de l’architecte strasbourgeois Dominique Coulon. L’agence Dominique Coulon & associés a livré en 2019 le groupe scolaire René Beauverie à Vaulx-en-Velin. Cette équipement regroupe une crèche, une salle de danse, une salle de sport, une petite bibliothèque et un restaurant.
L’Architecture d’Aujourd’hui : Où êtes-vous confiné et comment vous êtes-vous organisé pour poursuivre votre activité ?
Dominique Coulon : Je suis confiné chez moi et j’ai la chance d’avoir mon bureau dans le même immeuble ce qui est très pratique en ce moment.
Confinement et architecture sont-ils antinomiques ?
Oui il me semble. L’architecture est un travail collaboratif, essentiellement collectif ou les échanges sont très importants. En étant confiné, c’est comme si la substance du travail disparaissait. Le geste, la main ne sont plus convoqués et la dimension de l’intuition, du non-dit n’a plus sa place. Il faut passer par le récit et les mots seulement.
Quelles leçons pensez vous tirer de l’impact écologique de cette crise ?
Nous devons retrouver une éthique locale. Cette crise est intéressante d’un point de vue écologique. Visiblement, en réduisant les échanges et le commerce international, on pourrait impacter fortement l’empreinte écologique. Cependant, pour faire durer les effets que l’on observe actuellement, il est nécessaire que des décisions politiques soient prises. J’ai des doutes sur la prise de conscience que pourraient avoir nos dirigeants. La Chine envisage la création de nouvelles centrales à charbon, le Canada un plan de relance de l’industrie pétrolière ; je crains que cette crise ne soit qu’une parenthèse pour la planète. Mais je pense que les architectes peuvent faire beaucoup à leur échelle. Nous avons un pouvoir de pédagogie il me semble, il nous faut construire des bâtiments, des quartiers vertueux.
Un film à voir/ un livre à lire pendant le confinement ?
L’aventure c’est l’aventure avec Jacques Brel, Lino Ventura, Charles Denner, Aldo Maccione et Charles Gérard de Claude Lelouch. Un film très drôle.
Un compte à suivre sur les réseaux sociaux ?
Le compte d’Allan Barte et celui de Complots faciles.
Qu’espérez-vous de cette expérience ?
Le mot crise vient du mot grec crisis : trier, passer au crible, c’est-à-dire analyser ce qui se passe. Cette crise nous montre qu’un État fragile n’est pas capable de protéger ses citoyens et que l’investissement public est donc nécessaire à tous les niveaux : dans la santé, dans la culture, dans l’éducation. J’espère une prise de conscience citoyenne et politique.
Quel impact a ce confinement sur la perception de votre espace de travail et, inversement de votre espace domestique ?
Mon espace de travail et l’endroit où j’habite ont toujours été associés. La situation du confinement ne change pas beaucoup de choses pour moi, l’agence est juste beaucoup plus calme. J’ai l’impression de retrouver les moments où je travaillais à mon diplôme intensément, comme dans une bulle.
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Le site de Dominique Coulon & associés.
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