COP21 : faut-il s’en réjouir ? (2/2)
Fin de partie pour les combustibles fossiles ?
À la suite de Pierre Lefèvre, Edward Mazria, architecte américain et fondateur de l’association Architecture 2030, groupe de réflexion créé en 2002 pour l’élaboration de solutions adaptées au changement climatique, revient sur les efforts demandés aux acteurs de la construction, à l’issue de la COP21.
À la fin de l’année dernière, le monde entier s’est donné rendez-vous à Paris pour la 21e Conférence des Parties (COP21) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). L’accord historique qui a été trouvé peut assurer à tous un avenir durable – à condition qu’architectes, concepteurs et urbanistes jouent le rôle clé qui leur revient. Au cœur de l’accord signé à Paris se trouve l’« objectif à long terme » qui engage près de 200 pays à maintenir l’augmentation de la température moyenne du globe « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » et à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C ». Pour atteindre cet objectif, le monde devra parvenir à éliminer totalement, aux alentours de 2050, les émissions de CO2 provenant de combustibles fossiles dans l’environnement urbain bâti, et à réduire à zéro, entre 2060 et 2080, les émissions planétaires de gaz à effet de serre (GES). Les implications de cet accord sont claires : en s’engageant pour la première fois à supprimer les émissions de GES afin d’éviter les conséquences les plus dramatiques du changement climatique, les gouvernements annoncent la fin de l’ère des combustibles fossiles.
Les engagements nationaux de réduction des émissions sont essentiels, mais, à l’heure actuelle, ils ne sont pas contraignants. Ils doivent donc être complétés par des plans de mise en œuvre qui associent tous les secteurs intervenant dans la conception, l’aménagement et la réalisation des environnements construits. Le bâti urbain – autrement dit, les villes – consomme près de 75 % de l’énergie produite dans le monde, et il est responsable d’une part équivalente des émissions totales de GES. Tokyo, par exemple, produit à elle seule autant de GES que les 37 pays africains les moins polluants. C’est donc la transformation de nos environnements urbains qui décidera du succès ou de l’échec de la lutte mondiale contre le changement climatique. La bonne nouvelle, c’est que nous – architectes, designers, urbanistes et constructeurs – disposons des outils, technologies et stratégies nécessaires pour mener à bien cette transformation, maintenant que les pouvoirs publics ont décidé de s’attaquer sérieusement au problème. L’une des raisons qui ont poussé nos gouvernants à oser s’engager dans la démarche spectaculaire adoptée à Paris tient aux progrès déjà accomplis partout dans le monde par le secteur du bâtiment pour réduire la consommation énergétique et le bilan de l’environnement bâti en matière d’émissions.
Les lecteurs européens seront peut-être surpris d’apprendre qu’aux États-Unis, la consommation énergétique liée aux constructions n’a cessé de baisser depuis 2005, alors que 2,7 milliards de mètres carrés ont été ajoutés au parc immobilier. Le pays n’envisage aucun besoin de capacités supplémentaires de génération électrique à l’horizon prévisionnel – et ce avant même qu’entrent en vigueur les normes de construction plus poussées actuellement à l’étude. En Californie, par exemple, les normes du bâtiment exigeront une consommation énergétique nette de zéro d’ici à 2020 pour toutes les constructions résidentielles, et d’ici à 2030 pour tout nouvel immobilier commercial. Les futures constructions et la mise à niveau des bâtiments existants, selon des critères exigeants de performance énergétique, vont permettre de réduire encore la consommation, de sorte que les énergies émettrices de GES pourront être remplacées par des sources renouvelables dans les délais requis pour atteindre l’objectif à long terme fixé à Paris.
Témoin du rôle essentiel que joue – et devra continuer de tenir – le bâtiment dans l’effort qui permettra aux États de respecter leurs engagements, la COP21 intégrait pour la première fois deux journées entièrement dédiées à l’environnement construit : le Buildings Day, consacré au bâtiment, et le Cities Day, aux villes. La COP21 a aussi vu croître le nombre de municipalités et autorités locales qui ont promis d’aller bien au-delà des engagements nationaux, présentant des plans à cet effet. Plus d’un millier de maires et dirigeants locaux se sont réunis pour prôner un passage à l’action, et 436 villes se sont engagées, dans un « Accord des maires », à réduire leurs émissions de GES et à contrôler leurs progrès en la matière.
D’autres initiatives ont été annoncées en lien avec la ville et le secteur du bâtiment. Ainsi, dans le cadre d’un accord pour la Chine, 52 cabinets d’architecture et d’urbanisme chinois et internationaux se sont engagés à planifier et concevoir pour ce pays des villes, cités, ensembles immobiliers et bâtiments à émissions de carbone faibles ou nulles. De même, 123 autorités locales (États, provinces, régions ou municipalités), représentant plus de 720 millions d’habitants et l’équivalent de 19.900 milliards de PIB (soit plus du quart de l’économie mondiale), ont rejoint le protocole d’accord Under 2 MOU (Mémorandum moins de 2), promettant ainsi de limiter leurs émissions dans une fourchette de 80 à 95 % en dessous des niveaux de 1990, ou à moins de 2 tonnes métriques par habitant – d’ici à 2050. La COP21 a également vu naître l’Alliance globale pour les bâtiments et la construction, initiative internationale destinée à renforcer la collaboration public-privé et à favoriser de nouveaux partenariats dans le bâtiment. Autre exemple, le World Green Building Council (Conseil mondial pour le bâtiment durable) a annoncé que ses implantations au Canada, en Australie et en Afrique du Sud développaient pour la construction des labels « Neutralité carbone », signalant ainsi l’orientation prise par le marché.
Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais l’accord de Paris est le prélude à un monde nouveau. Laissant entrevoir la fin de l’ère des combustibles fossiles, il instaure un puissant dispositif de lutte contre le changement climatique.
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Edward Mazria
Il est déplorable qu’AA puisse publier des coups-de-gueules si décousus en termes de fond et de formes, et si peu constructifs en termes d’analyses problématiques. Le propos est réducteur voire caricatural, le style est assez bas et surfe sur des généralités partagées par la profession, tout en s’adressant, paradoxalement, à la profession elle-même : mais quel est l’enjeu, quelle est la prise de risque, quel est l’intérêt d’un tel propos ? Je pense au contraire qu’il faut arrêter de se regarder le nombril en se plaignant, et relever la tête, prendre de la hauteur, regarder l’horizon, et très concrètement s’inspirer aussi des autres professions et situations internationales ; pour enfin arrêter de déprimer sur nos petits privilèges perdus, notre petite situation en déclin ; pour pouvoir ré-inventer un métier qui nous convienne et qui fasse sens à échelle sociétale, et en finir avec la tentation d’écrire et de publier des brûlots sans intérêts comme celui-ci.
OUI!…
Les réalisations « modernes » de nos habitats urbains doivent servir de « refuge » et de « vitrine » à la biodiversité…
Il faut amplifier la végétalisation de nos façades, nos balcons, nos toitures et remettre à sa place la plante dans tous les programmes d’aménagements…
Les luttes contre les réchauffements, la pollution, le stress, l’esthétisme de nos quartiers et nos villes passent par la plante dans toute sa diversité variétale et ses palettes de formes et couleurs…
Oui, la ville de demain, est et sera un refuge pour les plantes et les insectes « utiles »…
Les collections végétales amènent des choix multiples et fleurir nos villes c’est aussi accueillir et intégrer les habitants aux évolutions de leur « quartiers »
Le mieux vivre de demain, dépend des décisions et des réalisations d’aujourd’hui!…
Je pourrai faire un livre…
Voir ATPV Concept sur moteurs de recherches…