Point Suprême
In Praise of Shadows
Desplans.com
Créée en 2015 par Albane Cartier-Bresson, Guillaume Dubois et Jérôme Malpel, Desplans.com est la première galerie d’architecture en ligne. Sur le site, Desplans.com propose des « éditions limitées d’architecture » – des créations uniques, jusque là confinées dans l’atelier de l’architecte.
Présente lors de la première exposition de Desplans.com en juin 2016 à Paris, AA a été particulièrement sensible à cette approche singulière de l’architecture et a choisi de s’associer à la démarche de la galerie. À cette occasion, rencontre avec l’un des fondateurs, Guillaume Dubois, architecte basé à Stockholm.
L’Architecture d’Aujourd’hui : Le site de Desplans.com a été mis en ligne en avril 2016. Quelle fut l’idée de départ de ce projet ?
Guillaume Dubois : L’idée première de Desplans.com est de donner plus de corps et d’importance aux documents des agences d’architecture, souvent conservés dans des ordinateurs, des disques durs. La production inachevée des agences n’est pas assez valorisée. Bien souvent, le public aborde l’architecture contemporaine à travers la réalité construite, les rétrospectives d’architectes connus, dans lesquelles sont exposées maquettes et esquisses. Au sein de Desplans.com, nous voulons rendre compte de l’intérêt des agences d’architecture qui pensent et créent différemment, usant de tout le spectre d’expression graphique à leur disposition.
AA : Certaines œuvres que vous proposez sont loin du « document technique » tel qu’on l’entend dans les agences d’architecture. En quoi est-ce que certaines créations, parfois très abstraites, peuvent-elles être à l’origine d’un projet ?
GD : Aujourd’hui, l’architecture produite et vendue par les agences a forcément un lien avec une possibilité construite : il faut montrer des images en 3D, des perspectives réalistes. On vend un projet comme s’il était déjà livré : cette potentialité annihile le processus créatif. Avec Desplans.com, nous refusons l’idée de l’architecte uniquement constructeur, limité à des compétences techniques et une expertise conférée par le monde du bâtiment. Pour nous, l’architecture n’est pas seulement la construction, c’est aussi toute la création qui gravite autour d’un projet : les dessins, les idées, les écoles.
AA : À travers cette abstraction, ne craignez-vous pas de défendre une « architecture de papier » ?
GD : Nous pensons que l’abstraction a toute sa place en architecture. Certes, d’importantes agences néerlandaises proposent une vision très pédagogique de leur démarche – mais nous revendiquons une lecture plus développée de l’architecture. Il s’agit de parler différemment d’architecture, et le public semble prêt à entendre ces nouveaux points de vue. L’approche de Desplans.com se situe aussi dans l’hybridation, entre la réalité construite, inhérente au métier d’architecte et l’esthétique de processus. L’abstraction fait partie des qualités graphiques des œuvres que nous proposons. Loin du discours technique, elle permet aussi au public de se rapprocher de cette production graphique architecturale.
AA : Pouvez-vous nous en dire plus sur les architectes que vous représentez ?
GD : Ce sont souvent des architectes travaillant au sein de jeunes agences et ce, partout dans le monde. Notre réseau est encore en construction, mais nous présentons d’ores et déjà les œuvres d’Italiens, de Grecs, comme l’agence Point Suprême, de Français comme Gramme. Tous ont un point de vue singulier et une expérience issue des quatre coins du monde. Leur mode d’expression et leur façon d’exercer sont tous différents. L’architecte et illustratrice Iris Lacoudre par exemple, a beaucoup travailler pour l’agence suédoise Arrhov Frick : pour eux, elle a produit de nombreuses esquisses liées aux projets. L’agence a complètement intégré ce mode de représentation dans son identité, loin de l’imagerie 3D classique.
AA : En parallèle du site, vous proposiez en juin dernier une exposition éphémère dans une galerie du 3e arrondissement de Paris et du 6 au 16 octobre, vous exposez dans les locaux de l’agence In Praise of Shadows Architects, à Stockholm. Pourquoi multiplier ainsi les formats ?
GD : L’exposition permet de « matérialiser » notre activité : l’idée est avant tout de rassembler le public autour d’événements divers, pour changer du format classique de la galerie d’exposition. C’est nécessaire pour notre visibilité mais ce n’est pas l’essentiel de l’activité de Desplans.com : ces manifestations nous permettent avant tout de créer un lien direct avec le public. En parallèle, nous utilisons Instagram pour partager les œuvres et des ambiances qui nous plaisent, Facebook pour créer des événements et le site comme interface d’achat. On travaille notre identité, à l’image des architectes que l’on représente : Desplans.com revendique une hybridation des modes de représentation, de commercialisation, d’édition.
AA : Pour finir, comment envisagez-vous l’avenir de Desplans.com ? Quels sont les projets à venir ?
GD : Pour le moment, nous travaillons sur un projet d’édition virtuelle : en parallèle du site, nous aimerions créer un blog, une plate-forme où les architectes que nous représentons peuvent s’exprimer librement et défendre leur projet. Dans chaque développement que nous envisageons, nous gardons en tête l’idée de fédérer des points de vue nouveaux et surtout, de les rendre accessibles. À l’avenir, nous aimerions créer plus d’événements, de rencontres, voire exposer dans des lieux inédits, où l’on ne parle pas forcément d’architecture : les entreprises, l’espace public. Nous restons persuadés qu’il n’est pas nécessaire d’être dans un cadre institutionnel pour parler d’architecture.
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Propos recueillis par Anastasia de Villepin