Global Award 2015 : des lauréats engagés
Pour sa neuvième édition, le Global Award for Sustainable Architecture, créé par Jana Revedin (Fondation Locus), n’a pas démérité. Depuis 2007, ce prix récompense chaque année cinq architectes engagés dans des démarches innovantes de construction de la ville et de l’architecture, tels Wang Shu en 2007 ou Diébédo Francis Kéré en 2009. Présentés le 4 mai à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, les lauréats 2015 ont été sélectionnés pour leur engagement en matière de « transmission des savoirs ». Présentation. •
Projet étudiant : voile sur place © Daniel Pietro Labbé
École d’architecture de Talca, ChiliSituée à 245 kilomètres de Santiago, la ville de Talca accuse de fortes inégalités sociales aux lourdes répercutions pour les plus jeunes dont la formation est loin de rivaliser avec celle proposée dans les plus grandes villes. Face à cette iniquité, Juan Romàn Perez, architecte et universitaire passionné, a mis en place un nouveau programme d’études d’architecture à l’Université de Talca destiné aux plus déshérités. L’espace y est abordé à partir de réalisations concrètes s’attachant à la petite échelle et à la matière dans le cadre de différents ateliers pédagogiques.
Installation de Recetas Urbanas © Santiago Cirugeda
Santiago Cirugeda, Recetas Urbanas, Séville, EspagneComme son nom le suggère, Recetas Urbanas vise à rendre aux habitants leur droit à la ville. Depuis l’installation en 1997 d’une balançoire dans une benne publique pour pallier à l’absence d’aires de jeu dans Séville, ce collectif est passé maître dans l’appropriation de résidus urbains tout en dénonçant sans demi-mesure des projets municipaux imposés aux habitants. Il s’agit « de jouer de la légalité avec l’appui du public mais sans jamais porter préjudice. À nous de faire œuvre commune ».
Ashrafieyh Square © Gehl Architects
Jan Gehl, Copenhague, DanemarkS’opposant à l’idéologie fonctionnaliste de la ville, l’architecte et urbaniste danois Jan Gehl s’attache notamment à la réhabilitation de l’espace public. Selon lui, « le beau ne fait pas fonctionner l’architecture. Il ne s’agit plus de remplir des projections Photoshop de petits bonhommes » pour faire croire à la viabilité d’un projet. Ce consultant en qualité urbaine invite à voir la ville « comme une interaction entre la vie et la forme construite » et fonde sa démarche sur la perception qu’ont les habitants de leur espace bâti.
Bug Dome © Marco Casagrande
Marco Casagrande, Casagrande Laboratory, Helsinki, FinlandeRéintégrer la nature dans la ville via « l’acupuncture urbaine » est ce qui caractérise les recherches et les travaux de l’architecte finlandais Marco Casagrande. Selon lui, « les accidents ont plus de force que le contrôle » dans la création de villes durables. Dans son projet Paracity, il a imaginé des modules en bois massif pouvant être combinés et démultipliés par les habitants eux-mêmes pour la reconstruction de zones détruites par des catastrophes naturelles. Autant d’accidents qui, réunis, prendraient le pas sur une ville industrielle caduque avec « la nature comme co-architecte ; c’est elle qui s’occupe des finitions ».
Val Benoit Génie Civil par Rotor Démolitions © OBeart
Rotor, Bruxelles, BelgiqueCesse de gaspillage pour le groupe Rotor qui a récemment créé l’entreprise Rotor Deconstruction (voir le numéro 406 de L’Architecture d’Aujourd’hui), dédiée au réemploi de matériaux récupérés dans des bâtiments promis à la destruction ou en voie de réhabilitation. Dans ce cadre, les huit représentants de Rotor ont mis en place, en 2012, Opalis, une plateforme en ligne permettant de recenser des filières de réemploi des matériaux de construction. Si cette activité est pour l’instant concentrée en Belgique, l’intérêt qu’elle suscite ailleurs permet d’espérer qu’elle donnera un jour lieu à la création d’une véritable filière de réemploi à l’échelle européenne.
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Texte par Lola Petit