Tribune

Grand Site Tour Eiffel : Thomas Corbasson répond aux détracteurs du projet

En mai dernier enflait une polémique autour du projet Grand Site Tour Eiffel, accusé de supprimer certains arbres centenaires des abords de la tour Eiffel. Les architectes de l'agence Chartier + Corbasson, chargée du projet en association avec les paysagistes Gustafson Porter + Bowman — ont souhaité répondre à la controverse.

En juillet dernier, l’actualité s’est emballée autour du projet Grand Site Tour Eiffel, et plus particulièrement sur les abords immédiats de la tour — parvis et jardins. Associés aux paysagistes londoniens GP+B, nous sommes, en tant qu’architectes, co-auteurs de ce projet, dont la partie architecturale suscite de nombreuses polémiques.

Il est extrêmement violent de se retrouver au cœur de cette tourmente médiatique et accusés de tous les maux. Notre agence Chartier + Corbasson architectes a ainsi été accusée de « bétonisation du site Tour Eiffel », de « vouloir abattre les arbres remarquables du site », voire de « construire un centre commercial sous la Tour ».

Notre agence recherche depuis sa création une intégration maximale de l’architecture à son environnement. Nous militons pour une architecture de la disparition, une architecture qui s’efface au profit de son environnement, comme en attestent nos projets pour le centre de formation de football d’Amiens ou, dans la même ville, l’extension de l’hôtel Bouctot-Vagniez, utilisant des procédés de végétalisation alors totalement inédits. L’intégration au paysage, qu’il soit urbain ou naturel, est le seul fil rouge qui lie tous nos projets.

Cette « architecture de la disparition » a semblé particulièrement pertinente au jury d’exception appelé à choisir parmi les propositions de transformation du site de la Tour Eiffel, qui a déclaré notre projet lauréat. Nous supprimons toutes les constructions anarchiques (bureaux en béton, kiosques et containers commerciaux de toutes sortes) accumulées au fil du temps et qui gangrènent le paysage historique de la Tour, pour les remplacer par des pavillons enterrés ou semi-enterrés intégré aux parterres paysagers. De même, notre projet remplace le bitume qui a envahi le site par de la pelouse au plus proche du dessin historique, tel qu’on peut le reconstituer à partir des documents existants.

Contrairement à ce qui a été affirmé, notre projet ne se lance pas dans la bétonisation du site. Notre projet maintient une stricte équivalence de surface entre les constructions démolies et les nouveaux pavillons, et intègre ces ajouts au parc en les recouvrant d’une couche végétale épaisse au minimum de 60 centimètres. Toutes nos interventions se positionnent à bonne distance des arbres existants de manière à pouvoir les préserver.

Le seul but de notre projet reste l’amélioration d’un site dégradé au fil du temps faute d’une vision cohérente. Mais bien sûr, le parvis de la tour Eiffel reste un site emblématique qu’il est très tentant de mettre au service d’un combat pour une « cause juste ». Les associations peuvent jouer un rôle de lanceur d’alerte salutaire, mais doivent s’attacher à connaitre la réalité des projets qu’elles dénoncent. Complexe dans son périmètre, son état existant et ses enjeux, le projet de réaménagement du parvis de la tour Eiffel ne peut pas se discuter à partir de documents non sourcés.

Nous sommes tout à fait prêts à débattre de ce réaménagement avec les associations, comme nous l’avons déjà fait, et à amender nos propositions en fonction des remarques de chacun. Pour être apaisé et serein, ce débat doit tenir compte de l’état du site et des enjeux de sa transformation. Ce qui se joue ici, c’est la valorisation du patrimoine le plus iconique de la ville, de l’accueil des visiteurs français et étrangers, de restaurer une cohérence amoindrie par la sécurisation du site et la mise en adéquation d’un axe majeur de l’urbanisme parisien avec les préoccupations environnementales d’aujourd’hui, trop rapidement taxées de greenwashing.

Thomas Corbasson
Architecte fondateur et associé de Chartier + Corbasson, architectes
Membre de l’Académie d’Architecture

 


Plans du projet d’origine

© Chartier Corbasson

 

© Chartier Corbasson


Le site web de L'Architecture d'Aujourd'hui accueille les propos de tous ceux qui souhaitent s'exprimer sur l'actualité architecturale. Les tribunes publiées n'engagent que leurs auteurs.

 

React to this article

Your reactions (1)

  • Jbr, the , wrote:

    Mouais, une énième preuve que l’equipe projet n’a pas compris le problème.
    Ce projet comporte avant tout un probleme de programmation et est dans la veine de la catastrophe déjà réalisée avec le bunker de verre qui a privatisé le site pour de mauvaises raisons (sécurité blablabla bullshit).

    Après, cette agence s’inscrit dans la continuité de ce que nous voyons partout: des architectes à côté de leur pompes incapables de concevoir des bâtiments compatibles avec le XXIeme siècle. Entre les vieux schnoks qui sont encore legions et les petits ideologues qui font semblant de prendre en compte les contraintes pour finalement refourguer leurs mêmes idées de gestes semi-habiles dans l’espoir de faire la une de je ne sais quelle revue…
    Cette profession coule et il n’y a d’autre coupable à chercher que les architectes eux-mêmes.