Dossier Ouvrages d’art : Highway to highline
Sens dessus dessous. Des autoroutes transformées en promenades piétonnes, des ponts en jardins et des tunnels en espaces festifs. L’infrastructure ne fait plus rêver. Salade et cotillons se font les aimables cache-sexes de villes ludiques.
« Je rêvais d’être un constructeur de ponts ou un perceur de tunnel, ou un qui lutte contre un fleuve immense pour le barrer et former un lac, ou un qui lance à travers nos Alpes ou à travers les steppes, les deux rails d’un chemin de fer. Alors je serais sur la route de l’affranchissement. » Le fantasme est signé « Ch. E. Jeanneret, ce 27 novembre 1913 » . Dans sa missive adressée à Auguste Perret, le jeune Le Corbusier ne cache pas sa fascination pour les ouvrages d’art. Ils sont ceux qui permettent de maîtriser la nature ou encore ceux qui détournent les obstacles qu’elle impose. La toute-puissance de l’infrastructure reste le propre d’un homme qui souhaite affirmer sa présence et son efficacité. Toutefois, ponts et tunnels pourraient-ils servir autre chose que la seule cause du franchissement et du déplacement ? Jouir de la vie, de la vue… et de la nature est un désir tout aussi impérieux et d’autant plus prégnant qu’une société du spectacle se mue en société de loisirs. La ville contemporaine se piétonnise, ferme ses voies express et autres autoroutes pour les abandonner à quelques riverains, sinon à de nombreux touristes. Exit le barbare diktat de la rapidité ! Celui-là même qui invitait ingénieurs et architectes à penser le plus savamment possible un pont permettant d’éviter bien des lacets, bien des détours.
Lisez l’intégralité de l’article de Jean-Philippe Hugron dans le numéro 421 d’AA, octobre 2017.