Architecture

Hommage à Carine Robert

Hertweck Beck, Catherine Sabbah et Ingrid Taillandier rendent hommage à Carine Robert, décédée le mardi 16 janvier 2024.

Carine Robert, nous a quittés au petit matin du 16 janvier à 51 ans.

Cette femme énergique a combattu jusqu’au bout et laisse à tous ceux qui la connaissaient un grand vide. Sa vitalité, son appétit de nouveaux projets, de nouveaux défis étaient insatiables.

Carine ou Karyn ? La même et aussi une autre. Elle aurait pu embrasser une carrière de chanteuse hip-hop avec son groupe, les fly sisters, qui se produisait aux débuts de l’ère Rap aux cotés de Cut Killer et Joey Star, avant qu’ils ne deviennent célèbres. Plurielle, c’est ce que l’on est lorsque qu’on naît de deux cultures, américaine et française. Que l’on se prépare à plusieurs métiers, géographe, urbaniste, presqu’architecte, pour être capable d’en pratiquer au moins trois, aménager la ville, la construire et la réparer.

Elle était titulaire d’une Maîtrise de Géographie de l’Institut de Géographie de l’Université Paris 1, Panthéon Sorbonne, elle avait obtenu un Certificat d’Études Approfondies en Architecture « Villes Orientales » à l’École d’Architecture de Paris-Belleville, et un DESS Urbanisme et Aménagement de l’Institut Français d’Urbanisme de l’Université Paris 8.

Carine Robert a débuté sa carrière en 1997 au sein des Ateliers Projets Urbains (d’Ariella Masboungi) du ministère de l’Écologie, du Développement Durable, et des Transports, puis elle devient aménageur. Elle n’a jamais quitté ce secteur d’intérêt général où elle participait à la fabrication de grands projets, prenant soin de n’oublier rien ni personne. Mélange des activités, mélange des gens, mélange des styles, car la ville, disait-elle, doit accueillir tout et tout le monde, devenir une ressource plus qu’une contrainte. Elle était fière d’y planter parfois plus d’arbres que de parpaings.

À la Sadev94 de 1998 à 2006, Société d’Aménagement du Val de Marne, elle débute comme développeuse. Trouver des terrains pour les transformer en quartiers tout en les valorisant, c’est une forme d’alchimie. Carine a peaufiné sa pratique en changeant d’entreprise, œuvrant au fil des ans à la nouvelle définition des « ensembliers urbains », qu’elle affine aussi en l’enseignant à l’école urbaine de Science po. Ces structures privées qui mêlent aménagement et promotion et travaillent sur un champ public ont pris de la place au cours des 20 dernières années. Il faut savoir naviguer et négocier en terrain politique, pratiquer le droit, affronter la technique, ne pas se laisser dépasser par les finances, jouer les chefs d’orchestre. Elle trouve sa voie, traverse les crises. D’abord au sein du groupe Nexity de 2007 à 2015 au département « Villes et Projets », puis chez OGIC où elle a créé la direction des Grands Projets et des Innovations, puis chez Icade où elle dirigeait depuis 2018 « Synergies urbaines ». Le département porte bien son nom qui affiche l’envie et la possibilité de travailler ensemble même lorsqu’on n’est pas toujours accordés. À plusieurs toujours mieux que seul.

Sans doute parce qu’elle avait grandi et vécu au milieu d’architectes, d’ingénieurs et d’artistes, qu’elle appréciait leur « culture et leur désir de beauté », elle tenait beaucoup à fabriquer et à repenser l’urbain à plusieurs mains, à faire converger chacun vers un projet commun de qualité. Carine incarnait une grande maîtrise et une grande élégance qui impressionnaient tous ses interlocuteurs. Ses amis et ses enfants savent qu’elle pouvait aussi être très rock, pleine de vie et de surprises.


Hertweck Beck, Catherine Sabbah, Ingrid Taillandier

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