Les folies de Gijs Van Vaerenbergh
Présenté dans le dernier numéro d'AA intitulé « Folies d'architecture », le Waterline Monument du parc Laagraven, à Utrecht, est constitué de 1 814 tubes d'acier Corten. Pour AA, les architectes et artistes belges du duo Gijs Van Vaerenbergh livrent les dessous de cette intervention et partagent leur approche des folies.
Quel est le contexte et l’objectif du projet ?
La New Dutch Waterline était une ligne de défense historique de 85 kilomètres de long. Cet ingénieux système de digues, écluses, canaux, forts et bunkers, capable de créer des inondations délibérées, a été utilisé entre 1815 et 1940. La ligne de flottaison a permis d’inonder des kilomètres de terres dans l’ouest des Pays-Bas, rendant ainsi la région inaccessible à l’ennemi. La Nouvelle ligne de flottaison néerlandaise figure sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2021. Pour marquer l’occasion, la province d’Utrecht a lancé un concours pour la création d’une nouvelle œuvre d’art en l’honneur de la New Dutch Waterline. Notre proposition, qui a remporté le concours, a été conçue comme un monument contemporain célébrant et honorant la New Dutch Waterline.
Le défi consistait à visualiser un système de défense qui est presque caché dans le paysage. Nous avons choisi de travailler avec l’image d’une écluse, l’un des éléments les plus importants de ce système, utilisé comme une porte pour retenir les eaux. En tant que telle, elle constitue un lien crucial entre les digues et les remblais. Lorsqu’elle est ouverte, le système de défense est activé, ce qui fait que l’eau déborde des berges et inonde la zone. L’œuvre d’art est une reconstruction abstraite de la figure de l’écluse. Placée au sommet de la pente à côté de l’autoroute, elle occupe une place prépondérante dans le paysage.
Quels ont été les principaux défis ?
Ce type d’œuvre d’art publique présente différents types de défis. Au niveau du processus, beaucoup d’énergie et de temps ont été investis pour aboutir à un design final soutenu par toutes les parties concernées (client, propriétaire du site, habitants, comités consultatifs du patrimoine…). De la première esquisse au design final, il a fallu environ 3 ans.
Au niveau de la structure, nous avons développé un système permettant une préfabrication maximale des structures en acier dans l’atelier et garantissant en même temps un montage facile sur le site. Avec l’ingénieur structure, nous avons imaginé un système de peignes entre les tubes qui rendait cela possible tout en répondant à nos ambitions en termes de transparence et d’expression sculpturale.
Quel est le rôle des folies architecturales de nos jours ?
Dans l’histoire récente, le rôle de la folie architecturale a beaucoup évolué. Le pavillon de Barcelone de Mies van der Rohe est le meilleur exemple de la folie en tant que laboratoire d’architecture où de nouvelles idées pouvaient être explorées et testées. Plus récemment, la folie est devenue un programme courant en architecture qui semble avoir perdu son pouvoir critique. La question est de savoir si les folies peuvent à nouveau jouer un rôle critique dans le discours architectural contemporain.
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En octobre dernier, Gijs Van Vaerenbergh a présenté un nouveau projet intitulé « Wandering Garden ». Prévu pour 2025, le projet paysager est une commande de l’université KU Leuven — dont Gijs et Van Vaerenbergh sont eux-mêmes diplômés — à l’occasion de son 600e anniversaire. Situé dans le parc Arenberg, le projet consiste en une succession de clôtures métalliques courbes, formant un labyrinthe ouvert qui sera progressivement envahi par des plantes grimpantes, créant ainsi un jardin vertical. La construction débutera en 2024.