L’art de la réparation
Au cœur de Kyoto, l'agence japonaise TANK architect a rénové en 2016 un appartement en maison d'hôte pour artistes. Pour réparer des fissures au sol, les architectes se sont inspirés de l'art traditionnel japonais du kintsugi, qui consiste à réparer les céramiques avec de la laque dorée. En lien avec la thématique du numéro de L'Architecture d'Aujourd'hui consacré à la réhabilitation, plongée dans cette réparation sur-mesure et poétique.
Livrée en 2016, l’opération « Xchange Apartment » se situe à Kyoto, à proximité du temple Kiyomisu, site classé à l’Unesco et a consisté en la transformation d’un appartement en une maison d’hôte pour artistes, mêlant lieu de travail et d’habitation. Lors de la réhabilitation, les architectes constatent que le sol se fissure. L’architecte Naritake Fukumoto explique : « Lors sa mis en œuvre, le mortier traditionnel se fissure lorsqu’il prend. Cette fissuration est généralement considérée comme un travail de qualité inférieure. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas avec les mortiers actuels. Pour ce projet, nous avons remarqué que ces fissures ressemblaient à des céramiques cassées. En réutilisant le mortier traditionnel, nous avons imité l’art du kintsugi en joignant les fissures avec de la résine époxy couleur or. »
Le kintsugi, littéralement « joindre avec de l’or », est l’art de réparer les céramiques cassées avec de la laque mélangé à de la poudre d’or. Cet art est lié à la philosophie japonaise du wabi-sabi — « trouver la beauté dans l’imperfection ». Pour Xchange Apartment, les architectes ont d’abord injecté un matériau de liaison dans les fissures pour arrêter la lente dégradation du sol avant d’y appliquer d’une résine époxy mélangée avec de la poudre de laiton. Après le durcissement de la résine, légèrement en relief, un vernis en recouvre la surface afin d’empêcher l’oxydation du laiton. De l’art de la réparation.
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