Architecture

Sur les murs du Palais de Tokyo

Depuis 2012, le programme d’art urbain LASCO PROJECT du Palais de Tokyo invite des artistes internationaux à intervenir sur les murs de l’institution parisienne. Pour sa dixième édition, le commissaire Hugo Vitrani a invité deux artistes, l’Espagnol Escif et le Français Paul Loubet à investir les lieux : le premier la façade, le second les sous-sols. Les deux fresques seront visibles à partir du 4 mai 2018.

Escif, OPEN BORDERS, 2018 © Nicolas Gzeley
La fresque Open Borders d’Escif en cours de réalisation, 2018 © Nicolas Gzeley

Intervenant aux côtés de Banksy lors du projet Dismaland en 2015 en Angleterre, Escif illustre depuis les années 1990 les mouvements de résistance, les luttes contemporaines, les dérives du capitalisme et les problématiques environnementales qui troublent notre époque et ce, partout dans le monde. Sur la façade arrière du Palais de Tokyo, l’artiste développe Open Borders, une peinture monumentale qui interroge l’héritage de Mai 68. La composition générale de la peinture reprend celle du jeu « des serpents et des échelles », qui plonge le joueur dans un parcours entre vice et vertu. L’artiste explique :

Escif, Luz en la noche. Vitoria, Espagne. 2017 © Escif
Escif, Luz en la noche. Vitoria, Espagne, 2017 © Escif

Je cherche la limite, comment peindre une peinture murale qui ne soit pas une peinture murale. Peindre sans peindre : ce qui est le plus intéressant dans une peinture in situ est finalement ce qui n’est pas peint, le contexte de l’intervention. (…) Le mur est une limite, un outil de pouvoir avec lequel on planifie, contrôle et manipule l’espace des villes. Le graffiti abuse des murs en les ridiculisant, en transgressant leur fonction initiale. Un mur peint n’est alors plus une limite mais un canal transversal. Un mur peint est un mur effacé, c’est un acte de psychomagie, c’est une faille dans le système, c’est un message d’espoir qui révèle la possibilité de travailler pour un monde meilleur : ouvrir les frontières. 

Quant à Paul Loubet, récemment exposé à la Galerie Bomma (Mission Paul Loubet, Paris, 2017) ou encore aux Arts Décoratifs lors du Graphic Design Festival (Paris, 2017), ce sont les sous-sols de l’institution qui lui ont été donnés comme terrain d’expérimentation. Il y mettra en scène une caverne futuriste, en évoquant à la fois les sanctuaires égyptiens, les vaisseaux spatiaux, le tout mêlé au kitsch graphique des flyers des rave-parties des années 1990.

Paul Loubet © Nitrato de Chile, Melania, Espagne
Paul Loubet © Nitrato de Chile, Melania, Espagne

Mon univers est naïf, violent, joyeux, coloré, bancal, bête, sexuel et bourré de références (…). Je travaille généralement à l’aide d’une grille sur des compositions frontales, avec une ligne d’horizon, découpées en tiers et peintes par aplats. Le fond doit pouvoir fonctionner comme une peinture abstraite. Ensuite, je place de manière sporadique (…) des éléments qui sont piochés dans tout ce qui peut m’influencer au jour au le jour.

Propos tirés du communiqué de presse du Palais de Tokyo.

LASCO PROJECT #10
Escif, Paul Loubet
Palais de Tokyo
13 avenue du Président Wilson, 75 016 Paris
À partir du 4 mai 2018

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