Architecture

L’asymétrie des cartes, entre frontières visibles et invisibles

Animés par la questions des frontières physiques comme invisibles, une dizaine d’artistes internationaux exposent leur travail au centre d’art contemporain le Grand Café et au LIFE, la base des sous-marins, à Saint-Nazaire jusqu’au 10 avril 2016. « Au-delà des représentations cartographiques de l’espace, les artistes dessinent des territoires subjectifs, collectifs ou individuels qui s’opposent à la mise en images de la frontière par les médias » explique Sophie Legrandjacques, directrice du Grand Café et commissaire de cette exposition intitulée L’asymétrie des cartes. L’occasion pour AA de revenir avec elle sur la genèse du projet.

Vue de l’exposition « L’Asymétrie des cartes », Le Grand Café, centre d’art contemporain - LiFE Saint-Nazaire, 2016. Œuvres d'Alexander Apóstol, Milena Bonilla et Marcos Avila Forero. Photographie Marc Domage
Œuvres d’Alexander Apóstol, Milena Bonilla et Marcos Avila Forero.
Photo : Marc Domage.

Comment est venu le thème de l’exposition, ce parallèle entre la cartographie, les frontières physiques et sociétales ?
Je travaillais depuis longtemps sur la question de la frontière sans avoir eu l’occasion de faire aboutir un projet d’exposition. La question de l’invisibilité de la frontière physique est un trait commun à beaucoup d’artistes. Je crois que le surgissement actuel des murs, la réapparition des frontières physiques sont la conséquence (l’effet retard) d’une globalisation qui engendre des fractures économiques et sociétales profondes. Ce sont les frontières d’aujourd’hui, invisibles et atomisées qui engendrent un monde violent, basé sur la séparation et non sur le vivre ensemble.

Comment s’est fait le choix des artistes exposés ? Est-ce leur travail qui a évoqué la thématique générale ou l’inverse ?
Le sujet s’est imposé car il traverse la création contemporaine des arts plastiques depuis plusieurs années. On a même parlé d’un « art de la frontière » tant les zones de conflit ont capté l’attention d’artistes qui développent leur pratique au cœur de situations géopolitiques réelles. Je suis donc partie du travail des artistes et non d’un propos déterminé a priori. À l’intérieur de cette question de la frontière, j’ai cherché un angle sans prétendre traiter le sujet de manière exhaustive, ce qui serait d’ailleurs impossible. Je voulais montrer toute la complexité du sujet et éviter les raccourcis faciles, surtout dans le contexte actuel. Deux questions ressortent : les nouvelles frontières invisibles et les territoires de l’attente (liés au phénomène de migrations des populations).

Quel a été le plus gros défi de cette exposition ?
De trouver un angle d’approche peu exploré par les expositions antérieures consacrées à ce sujet. Également, de ne pas verser dans le misérabilisme, le spectaculaire ou la morale. Et de se détacher de l’actualité, de maintenir visible la complexité du sujet.

Installation de Lawrence Abu Hamdan « Conflicted Phonemes », 2012. Courtesy de l’artiste et Galerie Mor Charpentier. Photo : Marc Domage.
Installation de Lawrence Abu Hamdan « Conflicted Phonemes », 2012. Courtesy de l’artiste et Galerie Mor Charpentier.
Photo : Marc Domage.
Avec des oeuvres de Bouchra Khalili (© ADAGP, Paris) et Marcos Avila Forero. Photo : Marc Domage
Avec des oeuvres de Bouchra Khalili (© ADAGP, Paris) et Marcos Avila Forero.
Photo : Marc Domage.

Infos pratiques :
Grand Café, centre d’art contemporain, Saint-Nazaire
LIFE, base des sous-marins, alvéole 14, Saint-Nazaire
Exposition L’asymétrie des cartes jusqu’au dimanche 10 avril
Ouvert du mardi au dimanche (14h-19h) et le mercredi (11h-19h)
Entrée libre et gratuite

 

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