Les explorations de Philippe Chiambaretta
Son nom est associé au retour en grâce d’un programme longtemps mal-aimé par la scène architecturale française : les bureaux. Philippe Chiambaretta, qui compte à son actif une vingtaine d’ensembles tertiaires (pour un peu plus de 300 000 m2) depuis la création en 2000 de son agence, PCA, a redonné ses lettres de noblesse à ce qui était devenu un simple actif immobilier en y infusant les réflexions menées dans le cadre d’une plateforme prospective créée en 2005: STREAM. Grâce à cette double activité associant pratique architecturale et recherche, l’agence — qui porte aujourd’hui le nom de PCA-STREAM — livre, avec un coup d’avance, des bâtiments où la qualité de la réalisation rivalise avec l’intelligence de l’organisation.
Propos recueillis par Emmanuelle Borne
L’Architecture d’Aujourd’hui: Votre vision de l’architecture est atypique: au-delà de la pratique traditionnelle du concepteur-bâtisseur, vous avez choisi d’adjoindre à votre agence, PCA, une cellule de recherche, STREAM. Pourquoi cette double ambition ?
Philippe Chiambaretta : Adolescent, j’étais tiraillé entre différentes orientations : sciences humaines et littérature, sciences dures et mathématiques, mais aussi création artistique. J’aimais dessiner, le cinéma et la musique m’attiraient. Que choisir? Mes trois années de classes préparatoires scientifiques m’ont beaucoup marqué. J’y ai éprouvé l’ivresse de l’abstraction mathématique, mais surtout la frustration de ne pas réfléchir au sens des choses ni de pratiquer une activité créative. J’ai intégré les Ponts et Chaussées, où j’ai eu accès aux cours d’architecture de Paul Chemetov et Jean-Louis Cohen. Comme c’était la seule matière qui m’intéressait, je suis allé jeter un coup d’œil du côté de la rue Bonaparte [adresse de l’ENSA Paris-Malaquais, ndlr], mais le désordre ambiant m’a rebuté. J’ai rejoint le MIT à Boston pour suivre un Master of sciences, avant d’intégrer un cabinet de conseil en stratégie pendant deux ans. Arrivé au bout de cette séquence de bon élève, j’ai tout plaqué pour me consacrer à la peinture avec la ferme intention d’en faire ma vie, au grand désespoir de mes parents ! J’ai fait une première exposition et serais peut-être encore artiste aujourd’hui si je n’avais croisé Ricardo Bofill en 1990. Il m’a convaincu de diriger l’activité internationale de son agence, et cette deuxième rencontre avec l’architecture fut la bonne. En 10 ans, j’ai eu l’incroyable opportunité de suivre des projets dans plus de 25 pays. Tout en menant cette activité, je me suis inscrit à l’école d’architecture de Paris-Belleville. Mon diplôme obtenu, en 2000, j’ai fondé l’agence PCA dès le lendemain. L’architecture m’a permis de réunir l’ensemble de ces tentations, mais ce parcours sinueux explique probablement une pratique atypique qui ne se limite pas à la construction.
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Retrouvez l’intégralité de cet interview dans le hors-série AA Projects «PCA-STREAM, recherches et développements», disponible sur notre boutique en ligne.
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