• Marc Barani, Pôle multimodal, Nice, 2008 © Serge Demailly

Architecture

La loi Elan, une grossière erreur

Projeté sous les feux de la rampe en 2008 avec l’Équerre d’Argent décernée au pôle multimodal de Nice, consacré en 2013 avec le Grand Prix National de l’Architecture, et récemment récompensé de la Grande Médaille d’Or de l’Académie d’Architecture, l’architecte français Marc Barani compte à son actif une douzaine de réalisations. Il s’est par ailleurs largement impliqué en 2015 dans les travaux menés par le Ministère de la Culture en vue de l’élaboration de la nouvelle stratégie nationale pour l’architecture. Pour AA, il revient sur les dangers de la nouvelle loi Elan. Tribune.

Marc Barani, Grand Prix National de l'Architecture 2013 © Clément Falize
Marc Barani, Grand Prix National de l’Architecture 2013 © Clément Falize

La loi Elan veut, dans un souci d’efficacité, favoriser la conception‑réalisation pour la construction des logements sociaux. Ce serait une grossière erreur.

L’histoire le confirme. La dernière fois que les entreprises ont pesé sur la fabrication des logements, c’était dans les années 1960‑1970, avec le succès que l’on connaît…

Car le code génétique d’une entreprise de construction, naturellement orienté vers la croissance et le profit, n’est pas le même que celui d’un architecte, plus enclin à se soucier d’intérêt public. Donner le pouvoir à l’entreprise c’est mettre des crocodiles avec des poulets dans un enclos et se demander qui va gagner.

Pourtant la loi MOP permet à chacun de trouver sa juste place sous l’égide du maître d’ouvrage, qui tient une position centrale dans le dispositif.

Or, cette position, l’USH et les bailleurs sociaux ne sont plus à même de l’assurer sur l’ensemble du territoire. Pour preuve, le nombre croissant de logements sociaux qui sont réalisés par le privé.

Cette défaillance est sans doute l’un des facteurs déterminant qui a conduit le gouvernement à donner les clefs du camion aux entreprises. Mais sans qu’on y prenne vraiment garde, la loi va avoir des conséquences désastreuses sur l’aménagement du territoire et va sensiblement augmenter les inégalités. Les grandes métropoles, avec leurs services d’urbanisme structurés et leurs architectes conseils, vont limiter la casse en se souciant plus d’architecture et de cadre de vie que de construction.

Marc Barani

Retrouvez la tribune de Marc Barani dans le numéro 426, consacré à l’engagement — disponible sur notre boutique en ligne.

Par ailleurs, Emmanuelle Borne consacrait la rubrique « Portrait » à Marc Barani dans le numéro 421, paru en octobre 2017. L’intégralité de cet article est disponible ici.

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