Mass is More
Alors que la COP 27 vient de s’ouvrir à Charm el-Cheikh, en Égypte, la part du secteur du bâtiment dans les émissions de gaz à effet de serre interroge. De l’autre côté de la Méditerranée, le Pavillon de Mies van der Rohe et Lilly Reich accueillait début octobre à Barcelone une installation en bois à l’occasion du lancement de Mass Madera, réseau espagnol de la construction décarbonée.
Près d’un siècle après la construction du Pavillon allemand conçu par Mies van der Rohe et Lilly Reich en 1929, les architectes Daniel Ibáñez et Vicente Guallart de L’Institut d’Architecture Avancée de Catalogne (IAAC), en collaboration avec Alan Organschi de Bauhaus Earth ont installé début octobre des structures temporaires en bois local. L’exposition Mass is More présente le cycle de vie du matériau, de la forêt jusqu’à son utilisation en ville, ainsi que son empreinte carbone en comparaison avec celle des matériaux historiques du Pavillon. Ainsi, si les matériaux du bâtiment d’origine ont été acheminé sur 197 kilomètres en moyenne par mètre carré, ceux de la nouvelle installation ont parcouru moins de 8 kilomètres par mètre carré depuis leur lieu de production.
Interrogeant les alternatives bas carbone à la construction traditionnelle, l’installation est également l’occasion de redécouvrir le Pavillon allemand au travers d’une circulation repensée. Permettant à la fois de stocker du CO2 dans le temps long et de remplacer des matériaux nécessitant des énergies fossiles comme le béton ou l’acier, le bois est au cœur des préoccupations de Mass Madera, nouveau réseau espagnol de promotion de la construction décarbonée à l’échelle industrielle, réunissant collectivités, entreprises et architectes.
Alors que l’Europe a une production de bois d’ouvrage excédentaire, les difficultés de transport et de transformation du matériau pèsent sur la filière depuis 2020. L’occasion pour Mass Madera de rappeler l’importance d’une production locale.
Inversant la circulation habituelle du bâtiment, les visiteurs traversent d’abord le jardin boisé derrière le pavillon puis accèdent à une plateforme surélevée offrant une vue nouvelle sur le pavillon. La plateforme permet d’accéder à l’auditorium en plein air.
En écho au revêtement en travertin du bassin, les architectes ont installé un panneau en bois de 12×2,5 mètres de long qui illustre le transport fluvial du bois, depuis la coupe jusqu’à l’usine.
A l’intérieur, le mur en onyx rouge est réinterprété à l’aide de plusieurs essences de bois, dont le fraisage digital révèle les couches successives.
Comme de nombreuses piscines (faites pour durer), l’isolation est faite de verre cellulaire… issu du recyclage des pare-brise.