Matières d’avenir, un lexique
Urgence environnementale, déferlante technologique, évolution des modes de vie… Nombreuses sont les raisons qui poussent le monde de la construction à imaginer les matières qui feront les architectures de demain. Synthétisées en laboratoire ou issues de ressources naturelles, toutes tentent de dépasser les limites des matériaux traditionnels.
En préambule de son dossier consacré aux matières et matériaux, le numéro 435 L’Architecture d’Aujourd’hui propose un tour d’horizon de quelques innovations promises à un bel avenir. Un article à retrouver en intégralité dans les pages du numéro 435, disponible sur notre boutique en ligne.
Mycélium
À l’heure de la conception d’architectures écologiques toujours plus vertueuses, le pouvoir de séduction des champignons n’a jamais été aussi grand. Depuis une quinzaine d’années, les ingénieurs et les designers voient dans la matière fongique une formidable ressource naturelle pour décliner des dérivés biodégradables et neutres en carbone. Une foule de produits en tout genre a fleuri, comme le cuir végétal commercialisé par la start-up américaine MycoWorks ou encore les luminaires dessinés par la marque néerlandaise Krown Design… le tout obtenu par moisissure. Pour cela, le procédé de fabrication est simple : il utilise la partie végétative et filamenteuse du champignon, le mycélium, grossièrement comparable aux racines des plantes. Facilement cultivable, ce biocomposite possède l’incroyable capacité de transformer tout type de substrat organique en une matrice solide et ultracompacte. En plus d’être léger et ininflammable, il est un excellent isolant acoustique et thermique, laissant imaginer une grande diversité d’applications dédiées à l’architecture et l’aménagement intérieur : briques, panneaux acoustiques, revêtements de sols…
Ainsi, l’artiste et designer Maurizio Montalti a fondé Mogu, une plateforme de conception-innovation qui commercialise, depuis 2019, une gamme de matériaux de revêtement à base de mycélium, alternatifs aux polymères synthétiques traditionnels. Poussant l’étude encore plus loin, le Block Research Group de l’ETH Zurich a conçu en 2017, pour la Biennale d’architecture et d’urbanisme de Séoul, une structure autoportante à base de champignon baptisée « MycoTree ». Composé de briques de mycélium reliées par des lamelles en bambou et des chevilles métalliques, le réticule arborescent est la démonstration que la substance fongique recèle encore de nombreuses surprises sur le plan structurel. Selon ses concepteurs, une telle construction pourrait servir d’ossature pour un édifice de deux niveaux, à condition de jouer sur la géométrie de l’ensemble plutôt que sur la résistance du matériau.
Le MycoTree, une structure en mycélium et bambou conçue par le Block Research Group de l’ETH Zurich en 2017.
Microalgues
Chauffer ou refroidir un bâtiment grâce à une façade composée d’algues, l’idée a pris forme en 2013 lors de l’Exposition internationale du bâtiment (IBA) à Hambourg, en Allemagne, avec la Smart BIQ House, conçue par l’agence Splitterwerk avec Arup, recouverte de panneaux de verre contenant des microalgues en culture. Bénéficiant de la lumière du soleil, les microplantes, baignées dans une eau enrichie en nutriments, prospèrent à grande vitesse par photosynthèse et produisent de l’énergie. Transformée en chaleur, celle-ci est stockée puis utilisée pour le chauffage en hiver. À l’inverse, en été, l’enveloppe fait office d’écran solaire, réduisant ainsi les besoins en climatisation. En France, l’agence XTU (Anouk Legendre et Nicolas Desmazières) s’est intéressée au sujet dès 2008 en déposant un premier brevet.
En 2013, Arup dévoile une façade bio-réactive qui génère de l’énergie renouvelable à partir de biomasse d’algues et d’énergie solaire thermique.
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Bois haute performance, verre massif, béton Finite… Retrouvez la suite de ce lexique dans le numéro 435 de L’Architecture d’Aujourd’hui — Matière et matériaux — disponible sur notre boutique en ligne.