Les ouvrages d’art de Ney & Partners
En octobre 2017 Ney & Partners a remporté, dans le cadre du projet de réaménagement des berges du Rhône, le concours pour la future passerelle piétonne de Bourg-lès-Valence. Avec un mât unique central, cette passerelle haubanée de 110 mètres de long permettra l’accès à l’Île Girodet, en franchissant l’autoroute A7.
Ce troisième ouvrage d’art réalisé par Ney & Partners en France (après la passerelle de Poissy, en étude, et la passerelle d’Albi, 2017) sera livré en 2019. Fondée en 1996 par l’architecte et ingénieur Laurent Ney l’agence Ney & Partners, établie en Belgique, au Luxembourg et au Japon, rassemble 60 experts multidisciplinaires. L’Architecture d’Aujourd’hui a invité l’agence à partager son expérience concernant les ouvrages d’art ; Matthieu Mallié, ingénieur civil et directeur de projets en France, répond à deux questions posées par la rédaction.
Comment l’ouvrage d’art devient-il œuvre d’architecture ?
Matthieu Mallié : Une infrastructure prenant uniquement en compte les contraintes technico-financières et fonctionnelles ne pourra jamais prétendre être une œuvre architecturale. La réponse à cette question se trouve, selon nous, dans l’approche dite « intégrale » de la conception. On entend par là la mise en commun des différentes disciplines au service d’un projet global, approche bien résumée par Vitruve dans son livre De architectura par la maxime « firmitas » (solide, pérenne), « utilitas » (utile, efficace), « venustas » (beau, esthétique), dont nous avons actualisé les concepts en les adaptant aux processus de conception et de construction d’aujourd’hui. Un produit du génie civil n’est finalement pas une fin en soi mais une source d’opportunités pour générer des solutions spatiales et économiques qui permettent d’anticiper de futurs développements. Le but ultime d’un projet, de son processus de conception et de construction doit être l’amélioration de la qualité de vie, au sens large. C’est bien cette ambition qui permet à l’infrastructure d’entrer dans le champ de l’architecture. En ce qui concerne la passerelle de Bourg-lès-Valence, la volonté d’améliorer le confort des usagers en minimisant les différences de hauteur et la distance à parcourir, les exigences techniques de franchissement de l’A7 et l’espace contraint du quai Barjon ont été à l’origine du dessin tridimensionnel de la ligne de foulée de l’ouvrage. Et c’est justement de cette spatialité que découle principalement l’architecture de la passerelle ; l’autre élément marquant étant bien entendu le mât.
Comment un ouvrage technique peut-il devenir une œuvre de culture ?
M.M. : Le glissement de l’objet technique dans le champ culturel n’est pas évident pour toutes les infrastructures dont la plupart reste – malheureusement – cantonnée au domaine fonctionnel. Le préalable pour qu’il puisse s’opérer est une prise en compte, en phase de conception, du contexte dans lequel le pont ou la passerelle s’inscrit. Pour paraphraser Laurent Ney : « La conception d’un ouvrage d’art trouve son origine dans le contexte, un contexte qui englobe plus que le contexte physique du lieu, de la nature et du paysage. Il s’agit d’un contexte au sens large, qui englobe le contexte historique, technologique, industriel, économique, écologique, juridique, le tout baigné dans un océan de contraintes matérielles et procédurales que l’auteur du projet doit respecter. Où mieux encore doit transcender pour que un ouvrage technique devient un œuvre de culture. »
Pour en savoir plus sur Ney & Partners visitez le site de l’agence.