Paris selon Starck
Rédacteur en chef invité du numéro 444 de L'Architecture d'Aujourd'hui, il interrogeait avec la rédaction l'habitat et les enjeux de son industrialisation. En 2023, c'est au musée qu'on le retrouve : Philippe Starck est l'invité du musée Carnavalet, à l'occasion d'une exposition intitulée Paris est pataphysique dont il signe la direction artistique. Dans les nouvelles salles du musée, récemment rénové par l'agence Chatillon Architectes avec Snøhetta, le designer français met en scène les lieux emblématiques de la capitale à la lumière de la pataphysique, une science loufoque et poétique du début du XXe siècle. Une traversée de Paris à faire jusqu'au 27 août 2023.
La pataphysique, quèsaco ? Cette « science des solutions imaginaires » inventée par Alfred Jarry dans son ouvrage Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien (publié en 1911 pour la première fois à titre posthume) est une façon poétique d’appréhender le monde, qui met sur le même plan le réel et l’imaginaire. C’est en 1948 que le Collège de ‘Pataphysique voit le jour et compte parmi ses membres de nombreuses personnalités de l’époque, comme Raymond Queneau, Max Ernst, Juan Miró, Man Ray, Jacques Prévert, Boris Vian, Eugène Ionesco.
L’As, dessin de Philippe Starck pour le Collège de ’Pataphysique, 2021
En l’an 147 selon l’ère pataphysique, qui commence le jour de la naissance d’Alfred Jarry (donc, selon le calendrier ordinaire, en 2019), Philippe Starck entre au Collège de ‘Pataphysique. Une année pataphysique plus tard, le 28 merdre 148 (24 juin 2021), il est nommé « Régent de la chaire d’Abstraction Pratique et de Concrétisation Spéculative ». C’est en cette qualité qu’il invente, pour le musée Carnavalet, une nouvelle narration de la capitale française. Cela se traduit par douze ambiances différentes, mêlant des lieux connus de Paris et d’autres créés par le designer. La première partie joue de la réinterprétation, usant de photographies, supports vidéo ou maquettes (la tour Eiffel est renommée « la grande osseuse ») ; plus loin se retrouvent des reconstitutions « pataphysiques » de réalisations du designer, comme la chambre de Danielle Mitterand au Palais de l’Élysée, le Café Costes ou encore les Bains-Douches, une discothèque des années 1980.
"La grande osseuse", photogramme extrait du film La Tour de René Clair, 1928
Jack Vanarsky (1936-2009), Lamellisations parisiennes, projet de transformation du boulevard périphérique de Paris en deux voies rectilignes et parallèles, 1997
Sous l'escalier du Café Costes, photographie de Deidi von Schaewen, 1984
Philippe Starck. Paris est pataphysique Jusqu’au 27 août 2023 Musée Carnavalet — Histoire de Paris 23 rue de Sévigné, 75003 Paris