À Paris, rien ne se perd, tout se transforme
En 2023, l'atelier d'architecture Bien Urbain (Nicolas Cèbe, Jérôme Stablon et Guillaume Cantardjian) livrait la restructuration de 19 logements sociaux rue de Saintonge dans le 3e arrondissement de Paris, pour le compte de la RIVP. Profitant d'une structure poteaux-poutres en façade, les architectes créent de nouvelles typologies de logements en intégrant notamment des appartements traversants, voire à triple orientation. Au cœur du projet : un travail sur le réemploi des matériaux présents sur le site : parquets, radiateurs, pavés de verre à modénature, couverture en zinc de la couverture réemployée pour protéger les cadres en bois des fenêtres… Entretien.
Propos recueillis par Yên Bui
Dans ce projet, quel est l’impact du bâtiment existant sur le projet de logements ?
Bien Urbain : Le bâtiment existant a d’abord apporté ses qualités : avec son implantation et sa volumétrie, puis par le dessin et la matérialité de sa façade sur rue. La restauration de cette façade patrimoniale et la transformation de la façade sur cour ont naturellement guidé la conception, en plus du remaniement complet des logements. Sa nature constructive – structure poteaux-poutres et remplissage – a permis de faire évoluer les typologies et d’améliorer leur habitabilité, altérée au cours du temps. Enfin, à travers une part importante de réemploi in situ (parquets, zinc, pavés de verre, radiateurs), l’existant est devenu une ressource en soi, vertueuse, qui participe largement à la qualité des ambiances intérieures.
La réhabilitation est-elle une garantie de qualité pour le logement ?
Si la réhabilitation peut largement participer à la qualité du logement, elle n’en est pas une garantie pour autant. Il s’agit, par-dessus tout, de bien connaître l’existant, de comprendre sa nature et ses qualités, pour inscrire le projet dans un héritage et une continuité tant architecturale que constructive. Dans ces conditions, la réhabilitation, qui apporte une matérialité et un déjà-là, devient effectivement partie prenante de la qualité du logement et de son inscription dans la ville. Par ailleurs, le caractère vertueux de la réhabilitation, via l’économie majeure de ressources qu’elle permet, est évidemment une qualité en soi !
Selon vous, qu’est-ce que le logement social apporte à l’architecture en France ?
L’exigence de qualité des bailleurs sociaux et leur capacité à soutenir des démarches innovantes constituent un apport indiscutable à l’architecture du logement. L’ambition ainsi portée associe la qualité architecturale à une attention particulière sur habitabilité, à l’utilisation de matériaux vertueux et à la promotion du réemploi. Aujourd’hui, en France, le logement social agit comme une locomotive dans ces domaines.
19 logements sociaux, 64 rue Saintonge, 4e arrondissement de Paris, France
Programme : Restructuration de 19 logements sociaux, création de nouvelles typologies et rénovation thermique globale de l’immeuble
Maîtrise d’ouvrage : Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP)
Maîtrise d’œuvre : Bien Urbain – atelier d’architecture (architectes mandataires), Nepsen Ingénierie (bureau d’études)
Surface : 1 320 m2 SDP
Montant des travaux : 2,75 millions d’euros HT (2 088 €/m2)
Calendrier : 2016-2023
Le numéro 460 de L’Architecture d’Aujourd’hui, dédié aux transformations dans le logement social, est disponible sur notre boutique en ligne.