Pritzker 2016 : Alejandro Aravena en première ligne
Par Philippe Trétiack pour L’Architecture d’Aujourd’hui
À 48 ans, l’architecte Alejandro Aravena vient de rafler le jackpot. Non content d’avoir été retenu comme commissaire de la Biennale de Venise 2016, le voilà adoubé Pritzker Prize. Il est vrai que ce « Reporting from the front », thème retenu par lui pour la Biennale, le plaçait déjà en première ligne.
En permanence à l’assaut, ce latino-américain des confins, (« Le Chili, un balcon sur la mer » Pablo Neruda) vient démontrer qu’être architecte aujourd’hui, ce n’est plus seulement se préoccuper de forme mais bien plus de l’informe. Les besoins en eau, en terre, la nécessité de construire des logements pour un million d’habitants chaque semaine, sous peine de voir exploser encore et encore les bidonvilles, tout ceci est au cœur de sa méthode. Qu’il agisse au sein de la structure Elemental, avec laquelle il a conçu, en participation avec les habitants, des quartiers entiers d’habitat social dans le sud du Chili, ou bien qu’il s’intéresse à la meilleure manière de se protéger du tsunami qui menace son pays et tant d’autres, il applique les mêmes recettes, vise à la synthèse, à la simplicité, à la coordination des efforts et des ressources. Certes, on pourra à loisir se promener dans sa photothèque, admirer les très nombreux bâtiments qu’il a signés de par le monde, mais on se perdrait à s’esbaudir devant une réécriture du béton moderniste pour ses tours siamoises de Santiago du Chili, devant le brutalisme d’une villa où le kaléidoscope d’une cité d’urgence. L’important est ailleurs, dans la volonté de faire de l’architecture une discipline de premier plan en ce qu’elle a pour fonction de réconcilier les êtres vivants avec leur environnement naturel et ce par le projet, la parole et la participation de tous et de tout. Une discipline où la forme ne l’emporte jamais sur le front.