© Kentaro Kurihara

Architecture

Quelles formes pour l’architecture japonaise ?

Jusqu’au 19 février 2022, la Maison de la culture du Japon à Paris accueille l’exposition Quand la forme parle. Nouveaux courants architecturaux au Japon (1995-2020) qui narre à travers plus de 64 projets l’histoire contemporaine de l’architecture japonaise et les ambitions de sa nouvelle génération.

Sous le commissariat de Taro Igarashi, historien et professeur à l’université du Tohoku l’exposition s’organise en trois axes : « Communauté & Architecture », « Environnement & Architecture » et « Public & privé ». 35 agences d’architecture ont été invitées à présenter chacune deux projets : réparties dans les trois colonnes thématiques de l’exposition, les formes se côtoient, se répondent, s’opposent. Il n’est pas tant question ici de brosser le portrait d’une scène homogène, mue par les mêmes aspirations que d’opérer un instantané des pratiques multiples qui existent et ce, dans tous les pays, pas seulement à Tokyo.

Pour en parler, AA est allé à la rencontre de Shuhei Endo, architecte, professeur honoraire à l’université de Kobe, vice-président de l’Architectural Design Association of Nippon (ADAN) et producteur de l’exposition.

Comment, avec le commissaire Taro Igarashi, avez-vous sélectionné les architectes présentés dans l’exposition ? Quels étaient vos principaux critères ?

Shuhei Endo : Nous avons sélectionné des architectes nés après 1960 et actifs au Japon. Les critères sont basés sur la qualité de leur travail. Il est important qu’ils travaillent de manière indépendante et ne soient pas influencés par des tendances très médiatisées, centrées sur Tokyo. En outre, l’ensemble du Japon a été inclus dans la sélection. Jusqu’à présent, les expositions sur l’architecture au Japon ont été conçues principalement par rapport à la visibilité médiatique et relationnelle centrée sur Tokyo. Autrement dit, la plupart des architectes présentés étaient à Tokyo. Cependant, nous avons choisi de nous concentrer sur une perspective différente.

Comment caractériseriez-vous la jeune génération d’architectes japonais ? Sauriez-vous distinguer un point commun dans leur pratique ?

Je répondrais « jeune » comme ayant entre 30 et 40 ans ; toute personne de plus de 45 ans ne serait pas considérée comme une « jeune » pratique. Ils ne conçoivent pas de très grands bâtiments, mais ils produisent une architecture de grande qualité en termes de détails. Chacun d’entre eux a ses propres particularités, telles que les matériaux, l’environnement et les relations locales. Ceux-ci sont mentionnés en détail dans le texte de Taro Igarashi [voir la brochure de l’exposition, ndlr]. D’autre part, il y a un manque d’attitude logique, comme le caractérise le Métabolisme. Elle se caractérise également par l’énergie qu’elle consacre à l’action, via des ateliers, et à la communication en ligne.

Vous êtes notamment le promoteur du projet de réhabilitation du projet Asile Flottant du Corbusier depuis des années — dont l’historique est présenté en première partie de l’exposition. Que représente pour vous cette sauvegarde ?

L’Asile Flottant trouve ses origines dans l’architecture japonaise contemporaine. Kunio Maekawa, père de l’architecture moderne au Japon, a participé à la réalisation des plans de la péniche et n’est retourné au Japon qu’après son achèvement. Maekawa est la principale référence des architectes contemporains japonais. L’Asile Flottant est un atout historique qui témoigne de tout cela. C’est aussi le point de départ d’un échange architectural et culturel entre la France et le Japon. La conservation de l’Asile Flottant incarne la conservation des origines de nos architectes japonais contemporains, il s’agit de connaître nos racines. C’est aussi une piste de réflexion, quant à l’avenir des architectes japonais contemporains.

© Maki Yoshimura Architecture Office

YOSHIMURA Maki, maison à Nishisakabe, département de Mie, 2019

© Yu Momoeda Architecture Office

MOMOEDA Yu, chapelle Agri, département de Nagasaki, 2016

© Takumi Ota

MIYAMOTO Katsuhiro, temple Chushiin-ji, quartier des moines, département de Nagano, 2009

© Takashi Daibo

MAEDA Shigeki, huttes à Takarazuka, département de Hyogo, 2019 © Takashi Daibo



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Quand la forme parle. Nouveaux courants architecturaux au Japon (1995-2020)
Maison de la culture du Japon à Paris 
101 bis Quai Jacques Chirac, 75015 Paris
Jusqu’au 19 février 2022
Entrée libre
www.mcjp.fr

Image du haut : studio velocity Université Aichi Sangyo, centre éducatif pour les langues et les technologies de l'information, département d'Aichi, 2013

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