Architecture

Reçu à la rédaction : la sélection d’AA

Découvrez la sélection de livres faite par la rédaction de L’Architecture d’Aujourd’hui en ce mois de juin 2021.

Habiter la nature [2]
Phaidon (dir.)

© Phaidon

Plus de la moitié de la population mondiale vit actuellement en zone urbaine, un chiffre qui atteint même 80 % dans de nombreuses régions. Pour beaucoup de citadins la « nature » est un petit carré de verdure ou un jardin de plantes en pot sur le rebord d’une fenêtre. Habiter la nature 2 : Maisons contemporaines dans la nature compile une collection de maisons contemporaines et propose une immersion dans des chaînes de montagnes, des rivières, des forêts et des déserts.

Situées dans une vingtaine de pays, chacune des 50 maisons d’architecte présentées dans le livre présente une affinité unique avec l’un des quatre éléments. Dans le premier chapitre, « Air », les maisons sont montées sur pilotis, posées sur des pics ou à la cime des arbres. Le chapitre « Terre » s’intéresse aux maisons enterrées ou creusées dans le paysage. « Feu » se penche sur une architecture dans des zones de chaleurs extrême : déserts, volcans et jungles. Le dernier chapitre , « Eau », est consacré aux habitations qui occupent des sites sur le bord d’un lac, d’une rivière ou d’un vaste océan. 

Phaidon, Londres, 2021, 256 p.
www.phaidon.com

 


La Puissance projective
Pieter Uyttenhove, Bart Keunen, Lieven Ameel

© MetisPresses

L’imagination narrative, telle qu’envisagée en littérature, joue un rôle tout aussi important dans la conception urbaine et paysagère. Concevoir l’environnement urbain, n’est-ce pas aussi raconter et imaginer un réseau qui réunira en une trame consistante des personnes, des espaces, des objets, des activités, des images éparses?

Depuis les années 1990, le « tournant narratif” aide à mieux comprendre les processus créatifs qui accompagnent la conception de projets urbains et de paysage. Par le récit, urbanistes et paysagistes anticipent des situations futures, les organisent en des ensembles cohérents composés d’une multiplicité d’images et de leurs interactions — comme le ferait un écrivain.

Le livre de Pieter Uyttenhove, Bart Keunen, Lieven Ameel jongle entre textes, projets et images, analyses et analogies et approfondit ce parallèle littéraire. Différentes disciplines sont conviées : l’anthropologie, la chronophotographie, l’art de la promenade, la philosophie, la sémiologie, la mythologie et l’histoire de l’art. Des ruines du Saillant d’Ypres à Disneyland Paris, de la périphérie romaine à la Défense, cet ouvrage développe des études de cas variées et crée ainsi un terrain fertile pour repenser l’urbanisme et ses enjeux.

MetisPresses, Genève, 2021, 264 p. 
www.metispresses.ch


Une vie d’architecte à Tokyo
Kengo Kuma

© éditions Parenthèses

« Le critère pour l’architecture après le tsunami est l’humilité. » Kengo Kuma avait presque 10 ans lorsqu’il visita, à l’occasion des Jeux olympiques de Tokyo de 1964, le gymnase Yoyogi, en forme d’immense poisson, conçu par Kenzo Tange — qui, selon sa légende, le décida au métier d’architecte.

Architecte qu’on ne présente plus, à l’œuvre international, Kengo Kuma est peut-être moins connu pour son travail dans son Japon natal, où il œuvre pourtant activement à la préservation des techniques de construction traditionnelles et de l’artisanat ancien. Cette curiosité et son expérience font de Kengo Kuma un commentateur unique de la mégapole tokyoïte.

À travers vingt-cinq histoires axées autour de quartiers et de quelques-uns de ses projets, cet ouvrage intimiste dresse un tableau du Tokyo qui a inspiré sa vocation et illustre la façon dont l’héritage national japonais a contribué à modeler durablement sa réflexion et son inspiration — en plus d’offrir les clés pour comprendre comment tradition et modernité s’articulent au Japon. « Nous devons chercher à architecturer la nature et non pas naturaliser l’architecture, comme nos prédécesseurs l’avaient tenté. »

Éditions Parenthèses, Marseille, 2021, 128 p.
www.editionsparentheses.com


Apprendre de Bamako
Vincent Laureau

La crise environnementale nous pousse à chercher de nouvelles pistes pour refonder la discipline architecturale. Cet ouvrage tire un enseignement d’un modèle urbain frugal ; il pose la question de l’urbanité en terre, depuis un petit quartier de pêcheurs Bozos situé en plein cœur de la capitale de Bamako, Mali.

Qu’est-ce qu’une ville en terre ? Comment est-elle construite et entretenue ? Dans quelle mesure le matériau terre engendre-t-il une citadinité spécifique ?

Ce livre assume un nouveau point de vue extérieur sur « les Suds » et propose pour « les Nords » des transferts permettant de résoudre les paradoxes liés à la transition à amorcer.

L’Harmattan, Paris, 2020, 328 p.
www.editions-harmattan.fr


Altérations paysagères
Denis Delbaere

Si la conception d’un projet paysager peut être connue et documentée, il n’en va pas de même de ses transformations sous l’action du temps. C’est dans ce vide critique et analytique que s’inscrit cet ouvrage. Le cœur du livre présente sept études de cas qui illustrent chacune un élément d’une grammaire de l’altération : la ruine, l’île, le socle, la fondation, le bois, le germe, le pôle.

L’auteur révèle comment, à travers l’altération, les dynamiques internes du terrain initial reconfigurent l’espace aménagé. Comme si, par le flux et le reflux du projet, c’était finalement le site qui advenait à lui-même.

Le projet de paysage peut donc, par ses errements, devenir le vecteur d’une écologie concrète de l’espace habité comme support d’une nouvelle théorie critique de l’espace public.

Éditions Parenthèses, Marseille, 2021, 208 p.
www.editionsparentheses.com

 


Paysages. L’héritage de Le Nôtre
Michel Audouy, Chiara Santini (dir.)

Ce que l’on retient aujourd’hui des jardins classiques est souvent le contraire de ce qu’André Le Nôtre a apporté au paysage et à l’art des jardins. La pensée paysagère de ce concepteur à part entière ne se réduit pas à des parterres tirés au cordeau ou à des perspectives monotones, mais s’ouvre à l’organisation du territoire, à la mise en réseau des différentes entités spatiales qui composent les domaines, à l’aménagement urbain.

Parler aujourd’hui de Le Nôtre comme du « père » des paysagistes contemporains pourrait paraître anachronique. De son vivant, le dessinateur des jardins de Louis XIV n’a jamais été qualifié de « paysagiste » car ce mot indiquait à l’époque un peintre en paysage. Pourtant, Le Nôtre s’inscrit dans l’histoire des paysagistes français en tant que représentant du champ disciplinaire où cette formation creuse ses origines – l’art des jardins – et en tant que créateur de principes de composition si actuels qu’ils pourraient être considérés comme « universels ».

Cet ouvrage présente les contributions de différents spécialistes – paysagistes, architectes, chercheurs, artistes, etc. – qui s’interrogent sur la démarche de cette figure emblématique et sur son héritage. L’œuvre de Le Nôtre est questionnée à l’aune de l’écologie, de l’aménagement du territoire, de notre rapport à l’histoire et à la nature. Ainsi, le concepteur des jardins de Versailles est tantôt un prétexte, tantôt un formidable moteur pour réinventer le monde.

Actes Sud, Arles, 2021, 336 p.
www.actes-sud.fr


La Maison du Cyborg
Éric de Thoisy

Le contexte numérique, à comprendre dans sa double dimension technique et culturelle, renouvelle la relation de l’humain au savoir. La tradition livresque de transmission d’un contenu laisse place à un régime documentaire ouvert, inachevé. Les architectures des lieux de l’éducation sont-elles alors à remettre en question, pour accueillir des pratiques pédagogiques moins contraintes ?

L’enjeu, essentiel, car il participe aux débats contemporain  entre continuité et nouveauté, est à inscrire dans l’histoire des relations ambiguës entre architecture et (architecture) informatique. Les deux disciplines, rejouant la concurrence entre livre et bâtiment, revendiquent une même responsabilité (l’archivage) et une même méthode (spatialiser la mémoire). Un compromis pacificateur est à trouver, sans quoi l’architecture pourrait se perdre dans l’abandon de sa fonction culturelle, symbolique.

Un changement de cadre philosophique permet d’entamer ce travail. Le temps du bâti abordé comme pétrification d’une idée ou d’un moment semble inopérant et il y a à trouver d’autres modèles, aptes à capter l’inédit (l’incertain) numérique et à ouvrir, en réaction, des nouveaux champs pour l’architecture.

L’Harmattan, Paris, 2021, 256 p.
www.editions-harmattan.fr


Textes issus des communiqués de presse des différentes maisons d'édition.

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