Architecture

Simone Prouvé fait son entrée au Centre Pompidou

Née en 1931 à Nancy d’une famille d’artistes, Simone Prouvé, fille de Jean Prouvé, est aussi la petite-fille de Victor Prouvé, un des initiateurs du mouvement de l'École de Nancy, fer de lance de l'Art nouveau en France. Après des études d’histoire de l’art à Nancy, elle se forme aux techniques de tissage à Paris en 1949, puis en Suède et en Finlande dans les années 1950. 70 ans plus tard, une partie de son œuvre rejoint a rejoint les collections du Centre Pompidou.

Simone PROUVÉ en 2008 dans son atelier à Romainville | Simone PROUVÉ, Tissage 011198 [diptyque], 1998, inox, fibre de verre, kanekalon, 190 x 93 cm, dans l’atelier de Romainville en 2021 © Simone Prouvé

« Avec le tissage, je m’exprimais librement, j’écrivais avec les fils ». En 1949, Simone Prouvé intègre l’atelier de tissage de Micheline Pingusson, puis part en 1953 se perfectionner en Suède puis en Finlande auprès des tisserandes Alice Lund et Dora Jung. De retour en France, elle réalise, pour les banquettes de Charlotte Perriand, les premiers métrages au standard du Modulor de Le Corbusier, grâce au métier à tisser commandé par Jean Prouvé d’après les plans de Micheline Pingusson. Après avoir créé des métrages de tissus d’ameublement pour des magasins à Nancy, Paris ou Bruxelles, elle reçoit en 1958 une première commande de l’architecte Dominique Louis pour une grande tapisserie à suspendre. Sa carrière auprès des plus grands architectes du temps commence.

Dans les années 1990, Simone Prouvé découvre les fils dits non feu, des fibres thermostables en inox et autres métaux ou aramide. Elle essaye successivement les propriétés du Clevyl ®, puis du Kevlar®, du Kanekalon®, du Trevira®, du Kermel ®, du Nomex®, de l’inox souple, de l’inox raide, de la fibre de verre, du Panox Twaron®, de la fibre optique et du cuivre. Photographe depuis les années 1950, elle tire son inspiration dans l’observation du paysage mais aussi dans les détails d’usines et de lieux désaffectés, sources inépuisables de matières et de formes.

Tissées sur des métiers traditionnels, les panneaux, superposés en transparence à l’architecture, transforment en filigrane le paysage. Entre design, architecture et œuvres abstraites, le travail de Simone Prouvé interpelle de nombreux architectes dont Reiko Hayama, Rainer Senn, Claude Parent, Odile Decq ou encore Christian de Portzamparc. Avec l’acquisition début 2021 d’un ensemble de ses œuvres par le Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle, Simone Prouvé s’expose désormais parmi les collections permanentes du Centre Pompidou. Huit de ses pièces majeures, premiers tissages réalisés dès 1954 à son retour de Scandinavie et grands panneaux tissés de fils non feu sont présentés au public depuis 19 mai dans une salle dédiée et accompagnés d’une sélection d’oeuvres photographiques, d’études de tissage, de cahier de teinture et d’échantillons de matériaux. 

Simone PROUVÉ, panneau en inox et verre M0, Le Havre, cafétéria du MuMa, Musée d’art moderne André Malraux, architectes Laurent et Emmanuelle Beaudouin, 1998 © Simone Prouvé
Cliquez à droite de l'image ci-dessous pour faire défiler le diaporama.
Image d'en-tête : Simone Prouvé, Noisy-le-Sec, 2012, photographie. Don au Centre Pompidou en 2021 © Simone Prouvé

React to this article